Le silence de la liturgie

Samedi saint

Pour qu’il s’allonge dans l’enfance et y accueille sa vie d’homme, Joseph de Nazareth naguère lui donna un berceau. Pour qu’il s’allonge maintenant dans le sépulcre et y vive aussi sa mort, Joseph d’Arimathie vient de lui donner un tombeau. On l’y dépose donc, pour qu’il y repose. Silence sur Jérusalem. C’est le grand shabbat, celui de la Pâque. Plus rien à faire, seulement attendre, se dessaisir. Pas même moyen de s’occuper de ce corps, de se consoler en s’activant pour lui, les femmes sont ainsi… Ces longues heures lourdes de mystère, il faut les passer. Ce vide, le traverser. Désolation des amis, désolation du monde, qui a roulé la pierre sur sa grande espérance, et voit son Christ mis à terre, mis en terre, mystérieusement emmuré dans la mort.

Qui savait alors que c’était pour le grand shabbat d’amour ? Qui savait que Dieu, même mort, ne chôme que pour la Vie, pour sa pleine restauration, pour la grande résurrection. Il ne suffisait donc pas que Dieu meure, il fallait qu’il séjournât au Royaume des morts, pour en briser les portes, pour y empoigner les emmurés et leur reverser la Vie.

La descente aux enfers. A ce moment, qui donc pouvait imaginer Dieu assez fort pour descendre si bas ? Qui pour comprendre ce qui se tramait secrètement derrière la pierre roulée ? Seule Marie, au cœur des larmes, savait la trame d’amour, connaissait la traque d’amour. Saura-t-on jamais comment elle a dû secrètement participer au grand shabbat d’amour de toute l’Histoire humaine ?

Commentaires