Près de la croix, tenir

La Passion de notre Seigneur Jésus Christ selon saint Jean (Jn 18, 1 – 19, 42)

      Or, près de la croix de Jésus, se tenait sa mère. Moment intense du « stabat mater », si prisé par l’art. Les baroques, peintres et musiciens, se sont épris de cet instant si pathétique, et ont livré de somptueuses variations du « stabat mater dolorosa ». A l’envi, ils se sont complus aux pamoisons de Marie, aux déploiements fastueux et aux drapés subtils d’un spectaculaire et magnifique effondrement maternel. Au musée du Prado, Rogier Van Der Weyden, au moment de la déposition de croix, va quasiment jusqu’à mettre la Vierge à terre, la figurer terrassée de chagrin, à peine soutenue encore par Jean et ses proches.

      Raison esthétique n’est pas toujours raison théologique. S’il y en avait une qui tenait le coup, et se tenait encore debout au pied de la croix, c’est bien la Vierge Marie ! Ce n’est pas diminuer sa réelle douleur de mère ni sa vraie souffrance que d’entendre correctement ici le verbe « se tenir ». Certes, elle ne s’y tenait ni impassible, ni stoïquement rigidifiée par une certitude intime qu’elle conservait, qui n’adoucissait en rien sa souffrance de mère.

      Comment bien peindre l’attitude douloureuse de celle qui, la seule peut-être à cet instant, n’avait pas perdu la foi. Comment bien représenter la présence d’une femme qui, elle, savait.

      Le « Roi des juifs », elle le voyait pourtant agoniser et souffrir. Et elle souffrait avec lui, jusqu’à quelle profondeur, avec quelle mystérieuse participation à ce qu’il accomplissait devant elle.

      Mais elle tenait.

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