Pas juger le monde

Mercredi, 4° semaine du temps pascal

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 12, 44-50)

En ce temps-là, Jésus s’écria : « Celui qui croit en moi, ce n’est pas en moi qu’il croit, mais en Celui qui m’a envoyé ; et celui qui me voit voit Celui qui m’a envoyé. Moi qui suis la lumière, je suis venu dans le monde pour que celui qui croit en moi ne demeure pas dans les ténèbres. Si quelqu’un entend mes paroles et n’y reste pas fidèle, moi, je ne le juge pas, car je ne suis pas venu juger le monde, mais le sauver. Celui qui me rejette et n’accueille pas mes paroles aura, pour le juger, la parole que j’ai prononcée : c’est elle qui le jugera au dernier jour. Car ce n’est pas de ma propre initiative que j’ai parlé : le Père lui-même, qui m’a envoyé, m’a donné son commandement sur ce que je dois dire et déclarer ; et je sais que son commandement est vie éternelle. Donc, ce que je déclare, je le déclare comme le Père me l’a dit. »

 Je ne suis pas venu juger le monde. Avons-nous bien entendu ? Parce qu’elle porte en elle un obscur sentiment de culpabilité qui sourdement la condamne, notre humanité peine à entrer vraiment dans cette audacieuse promesse du Christ. Que Dieu nous sauve, passe encore. Mais qu’il ne nous juge pas, c’est à peine croyable ! L’œil de Dieu, on le sait bien, nous suivra toujours, jusque dans la tombe ! C’est bien là que les hommes butent sur le mystère de Dieu. Ils voient le Juge plus que le Père. Trop obsédés par l’œil, ils passent à côté du cœur. 

Le monde ne va pas bien, et notre propre vie guère mieux…Comment dès lors soutenir un instant le regard terrible du Juge ?  Ne pouvant nous libérer de ce si tenace sentiment de culpabilité, nous préférons nous détourner de celui dont nous pensons qu’il vient d’abord et essentiellement nous juger. Nous libérons-nous pour autant ?  Je ne suis pas venu juger le monde. Puissions-nous entendre vraiment cette incroyable parole divine, et l’accepter, littéralement. 

Est-ce à dire qu’il n’y aura jamais de vraie justice ? Notre âme y aspire aussi, très profondément. L’Évangile est clair : Ce qui nous condamnera au dernier jour, ce n’est pas le Christ lui-même, en personne, mais sa « parole », une parole de vie. Conséquence : ce qui sera alors condamné en nous, ce ne sera donc pas nous comme personne, mais toutes nos complicités avec le mal et les forces de mort. Bienheureuse condamnation : moins à craindre, en vérité, qu’à désirer !


Commentaires

Anonyme a dit…
Merci Patrick pour ce commentaire lumineux, qui lève un malentendu profond et tenace dans ma relation au Christ. Comment souvent quand tu nous parles du Père, cela m'incite aussi à être père différemment !