Sur un plat
Vendredi, 4° semaine du Temps Ordinaire (année impaire)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 14-29)
Jean Le Baptiste est associé de façon très mystérieuse à la Rédemption : il est bien sûr le Précurseur, celui qui trempe toute une part d’Israël dans un Jourdain de repentance et prépare la venue de plus grand que lui. Mais, et on y prête moins attention, il est aussi associé au mystère de la Croix, puisque, protagoniste majeur de toute cette histoire, il est le premier à donner sa vie. Et de quelle façon ! Finir la tête sur un plat… Cette histoire minable, l’évangile la raconte en détail, le récit s’attarde sur le mécanisme sordide qui conduit à la veulerie d’Hérode. C’est un passage en vérité poignant car toutes les morts, hélas, ne sont pas toujours très glorieuses ni héroïques. Finir la tête sur un plat ! Un plat, c’est beaucoup moins iconique qu’une croix ! Comme si, c’est cela qui est bouleversant, le Baptiste avec cette mise à mort minable prenait sa part parmi toutes les victimes de ce terrible mécanisme du mal qui, dans l’Histoire, ne recule jamais devant les cruautés, les sauvageries et les ignominies. Il apporta la tête sur un plat, la donna à la jeune fille, et la jeune fille la donna à sa mère. C’est sordide, c’est terrible, mais tellement à l’image de ce qu’il y a aussi de pire dans l’homme. Comment Jésus a-t-il reçu la nouvelle, lui qui n’en ignorait rien ? Le cœur lui a-t-il manqué un instant en apprenant la décapitation abjecte du Baptiste ? La perversion semble si puissante et parfois si inventive en horreurs. Mais le mal n’aura pas le dernier mot. Plus que personne, Jésus le sait.
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