Prendre sa croix
Vendredi, 6° semaine du Temps Ordinaire (année impaire)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 8, 34 – 9, 1)
Prendre sa croix ! Pour beaucoup, le christianisme, c’est une voie de souffrance obligée, un fatal chemin d’épreuves, inévitables, auxquelles, en serrant un peu les dents et en faisant preuve de beaucoup de courage, il s’agirait de consentir ; auquel, finalement et héroïquement, il faudrait se résigner, en acceptant de glorifier douleur et souffrance : elles seules nous rachèteraient efficacement de notre faute, elles seules compléteraient les souffrances que le Christ lui-même a si admirablement enduré. Dans le cœur de l’homme par ailleurs, la culpabilité (cette culpabilité dont le judaïsme et le christianisme affranchissent, bien plus qu’ils n’y appuient !) est si forte et tenace en nous qu’elle ouvre à jamais des boulevards considérables à l’idée dangereuse d’expiation : quelque part, comme on dit, il faut toujours payer, fatalement payer, pour quelque chose ou quelqu’un. Identifié ainsi à une culture du masochisme organisé, avec des croix partout dans nos églises ou dans nos maisons religieuses, le christianisme a été beaucoup compris comme une religion de l’épreuve, très éprise de souffrance.À l’heure du développement personnel et du « cool » généralisé, certains ont légitimement voulu se débarrasser d’une spiritualité très doloriste.
Prendre sa croix ? L’emporter, dit une traduction. En vérité, ne pas se laisser écraser par elle, mais la mettre en mouvement. La mettre en marche ! Une tout autre perspective. C’est de marcher, comme de vivre, qu’il s’agit : si quelqu’un veut marcher à ma suite !
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