Je bâtirai mon Église

Samedi, 6° semaine du Temps Ordinaire (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 16, 13-19)

Moment inouï, pour une investiture aussi bouleversante que déraisonnable : était-ce vraiment le bon choix ? Pierre, encore lui, est-il bien le plus fiable des apôtres ? Comment comprendre que Dieu, qui connaît son apôtre et ses fragilités humaines, qui sait déjà parfaitement la trahison dont il sera capable, puisse aussi imprudemment lui confier les clés de la maison et une telle responsabilité. Plus que la maison d’ailleurs ! Les clés du Royaume des cieux ! Une folie, en vérité, comme seul Dieu les risque. À vue humaine, Dieu ne prend ici aucune garantie. Un coup de tête incompréhensible ? Ou un coup du cœur plutôt, incliné du côté du genre humain. Mesurera-t-on jamais à quel point Dieu a foi en nous ? Et combien c’est souvent cette foi de Dieu en nous, première, qui mystérieusement nous donne la grâce, et la capacité. C’est la foi que les autres mettent en nous qui nous montre le chemin, disait Mauriac ! Mais surtout, cette incroyable foi de Dieu en nous, inaugurale, indélébile, indéfectible. D’un Dieu qui ne veut pas faire de nous des automates, ni nous téléguider ou nous instrumentaliser ; cette part de lui si éminente (les clés du Royaume !), ainsi il ne nous la délègue pas, de loin, du bout des lèvres : il nous la donne, totalement, du fond du cœur, sans réserve. Il nous associe vraiment, fait alliance. Il a besoin de nous ! Folie tout de même de donner les clés à Pierre ? Au risque d’en faire un douanier ? Ce don insensé, il le met cependant au futur : il le réserve encore un peu, pour ce moment d’après la grande épreuve. C’est un Pierre pardonné qui pourra alors seulement être bon serrurier de la miséricorde.

Commentaires