Ton fils est vivant

Lundi, 4e semaine de Carême (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 4, 43-54)

Si vous ne voyez pas de signes ou de prodiges, vous ne croirez donc pas ! Avec quelle intonation Jésus a-t-il bien pu prononcer cette phrase ? Un brin d’irritation dans la voix face à notre besoin irrépressible de spectaculaire ? Regret et tristesse devant notre difficulté à croire sans voir ? Pas sûr. Il connaît son monde et sait nos surdités comme nos aveuglements. Cette misère des hommes sur laquelle il butera toujours, jusqu'au pauvre Thomas, il ne la découvre pas en Galilée ! Elle est de toutes les géographies. Gageons plutôt que cette petite phrase, il l’a prononcée avec beaucoup de compassion et de tendresse. Car à cet instant devant lui, il y avait un homme en grande souffrance, éprouvé par la mort imminente de son fils. Pas un reproche donc ni une leçon de morale assénée à l’occasion. Juste une petite confidence qui lui échappe, comme un léger soupir, l’aveu discret d’un petit pincement de cœur. Quand donc irons-nous à lui sans n’avoir rien à demander ? Quand lui donnerons-nous toute notre foi sans preuve ni garantie ? Il en rêve. Mais qu’importe ! Cette grâce qu’on ne lui fait pas, il ne la revendique pas. Aussi, ce jour-là, il n’a pas voulu insister. L’heure n’était pas d’abord à catéchiser le passant. Sans autre forme de procès, sur le champ et juste avec quelques mots, il guérit le fils. Sans conditions ! C’est émouvant. Le fonctionnaire royal venu jusqu’à lui l’a touché bien plus qu’indisposé. Car cette foi-là, aux abois, éprouvée et appauvrie, il en sent aussi la valeur. Le cœur d’un père, crucifié pour son fils par la mort qui menace ! Une douleur à laquelle, secrètement, il ne pouvait pas être indifférent. Va, dit-il à l’homme, ton fils est vivant ! Bientôt, un autre fils mourra. Mais ça ne sera pas celui du fonctionnaire royal...

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