Il le couvrit de baisers

Samedi, 2° semaine de Carême (22 mars 2025)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 15, 1-3.11-32)

Il le couvrit de baisers. Une scène que l’on connaît bien, que l’on a souvent imaginée. Un vieil homme, un œil sur les affaires courantes, il faut bien que la vie continue. Mais l’autre constamment fixé sur l’horizon, rivé indéfectiblement au chemin, guettant dans le lointain une silhouette que lui seul espère. Et soudain, il arrive. Est-ce bien lui ? Le père n’hésite guère. La compassion s’accumulait secrètement en lui depuis tant de mois, elle le déborde maintenant, elle l’envahit. Le vieux ne tient plus en place : « il courut se jeter à son cou et le couvrit de baisers ». Voit-on assez les baisers du père recouvrir le fils ? Car avant de le revêtir d’habits neufs, il l’enveloppe de tendresse. Pas un seul mot, juste des baisers paternels. Qui dit que les hommes sont parfois trop pudiques ?

Grand drame de l’histoire humaine : il y a quelque chose de blessé entre les pères et les fils. Et pourtant ? À l’exacte intersection, cruciale, de l’Ancien et du Nouveau Testament, finale du livre de Malachie, en veille, une petite vignette d’espérance eschatologique. On y promet l’avènement du temps d’Élie, avant le retour du Seigneur grand et redoutable. Que fera donc Élie au soir du monde pour le disposer à son terme ? « Il ramènera le cœur des pères vers le cœur des fils et le cœur des fils vers leurs pères » (Ml 3,24). S’étaient-ils tant éloignés ? Il reste beaucoup à faire avant que les pères et les fils se jettent aux cous les uns des autres et se couvrent de baisers. Mais cet heureux temps viendra !

Commentaires