L’homme se leva, et il le suivait

Samedi après les cendres

Y a-t-il embauche plus expéditive ? Appel à la vocation plus laconique ? Réponse plus immédiate ? On aurait admis quelques explications du maître, sur son projet, ses intentions, ses perspectives. Quelques garanties sur ce à quoi on s’engage si on le suit. Côté disciple, on ne verrait pas d’un mauvais œil un petit moment de réflexion, un temps d’essai, voire une clause de dédite. Jésus sortit et remarqua un publicain. Quel coup d’œil ! Un seul regard suffit donc à Jésus, tant au travers de notre raison sociale ou de notre situation la plus ordinaire, il perçoit d’abord en nous l’inscription de notre mystère, tellement plus grand que nous. Il lui dit : Suis-moi. L’homme se leva et le suivait. À vue d’homme, folie ! Sous l’angle du récit, raccourci invraisemblable. La vocation de Matthieu resterait à jamais un très beau moment d’Évangile, presque trop beau, si cette effraction de regard du Christ à travers les âges n’avait pas retourné tant et tant d’autres vies à sa suite. De façon aussi simple, de façon aussi fulgurante. Et dans des endroits aussi inattendus qu’un guichet fiscal ! Il en est des conversions comme des hommes : certaines infusent, patientes et longues. Il en est de foudroyantes, qui retournent une existence sans autre forme de procès. À chacun sa rencontre, à chacun sa manière et son tempo. En vérité, à chacun sa vraie liberté dans la réponse. Mais que cela prenne un instant, des mois, des années ou une vie, c’est toujours une sacrée histoire !

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