A l’un de ces petits

Lundi, 1° semaine de Carême (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 31-46)

Scène très spectaculaire, quasi hollywoodienne. Fin des temps, jugement dernier. Un décor qui va avec, grandiose : anges réunis, trône de gloire, nations rassemblées ! L’adresse aux disciples ce jour-là ne lésine pas sur les effets pour les arracher à l’ordinaire de l’ici-bas et les téléporter au soir des soirs. Au terme de l’aventure humaine, il y aura donc un grand tri, ultime et définitif. Rien de plus tentant que d’en brandir la menace, d’en faire un instrument d’encadrement moral des peuples ! Gare ! Mais que dit Jésus en vérité ? Viendra l’heure suprême où le bien et le mal ne seront plus mêlés, la charité vraie et l’égoïsme ordinaire séparés. Ouf ! On y verra clair, enfin, et le moins bon en nous et dans l’humanité sera à jamais détruit au châtiment éternel (bon débarras !) pour laisser toute l’éternité à la meilleure part de nos vies. Car qui peut se prévaloir d’être totalement brebis, qui peut se désespérer d’être uniquement bouc ? La solennelle et dramatique répartition cache un peu son jeu et l’irrémédiable discrimination entre les élus et les damnés, avant d’être un beau sujet de fresque, est une belle vision d’espérance. Combien oublient Dieu dans leur vie ? Mais qui n’a jamais porté secours à un pauvre bougre, partagé un morceau de pain ou pansé une plaie sans imaginer une minute que c’est à Dieu même qu’il le faisait ? Dieu avait secrètement prévu des sessions de rattrapage. Les vieux boucs, Dieu veut vraiment les secouer ! Car tout bouc cache une possible brebis ! Dieu lui, il y croit.

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