Ne rabâchez pas
Mardi, 1° semaine de Carême (année impaire)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 6, 7-15)
Moins une injonction qu’un grand désir qu’il a dans le cœur : que notre prière ne soit jamais rabâchage, qu’elle soit vraie. Pas si simple. Bien sûr que le Notre Père peut finir par se fossiliser : on peut aussi le rabâcher ! Ou proportionner son efficacité à la quantité proférée. On ne dit pas Notre Père, on dit des Notre Père. Car comptabiliser, c’est rabâcher : c’est cela, être païen ! Être chrétien, c’est ne jamais compter. Et pas davantage les Notre Père ! Compte-t-on ses paroles d’amour ? Pour désensabler la source, il est toujours bon de relire dans l’évangile ces lignes où l’on voit Jésus lui-même nous le donner. Car il va jusque-là ! Et cette prière qui va devenir la prière chrétienne, il la met au nous. Un pronom personnel qu’il connaît bien : il a pour lui une telle résonance trinitaire. Pour introduire l’Église à un très grand mystère de communion, le choix discret mais décisif d’un pluriel.
La prière n’est pas là pour donner des informations à Dieu mais pour garder vive en nous la confiance filiale et la foi en un Dieu Père, qui sait nos besoins. Moins une affaire de rabâchage stérile que d’encordage salutaire. Avec une sollicitude infinie et une tendresse toute fraternelle, à la prière ordinaire, Jésus a donc donné un modèle. Il a mis ses mots à lui, pour qu’ils deviennent les nôtres. Comme si, les ayant prononcés un jour, il suppléerait en nous chaque fois que nous les rabâcherons un peu. Le nous, c’est surtout lui qui secrètement le vivifie. C’est lui qui en vérité y met l’amour.
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