Trente-huit ans
Mardi, 4e semaine de Carême (année impaire)
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 5, 1-16)
Quelques détails concrets, pour incarner la scène. L’évangéliste nous la situe avec précision. Jérusalem, Porte des Brebis. Fameux endroit, fréquenté depuis longtemps : c’est la piscine de Bethzatha. C’est déjà très émouvant de voir comment Jésus perçoit d’emblée cet homme et sa détresse, et court-circuite tout le protocole des ablutions qui disqualifiait ce pauvre infirme dépourvu d’assistance, jamais à flot quand l’eau bouillonnait. Dis seulement une parole… Devant Dieu, aucun bouillon, aussi ancien et bienfaisant soit-il, ne prévaut ni n’empêche. Mais le plus touchant dans cette page, c’est la mention par l’évangéliste d’un détail dont nous n’avions guère besoin. D’un chiffre, qui n’était pas nécessaire à l’histoire ; il suffisait de dire que cet homme était malade depuis très longtemps. Trente-huit ans ! Pas une année de plus ou de moins. Trente-huit ans ! L’exacte mesure de son calvaire, mais aussi de sa persévérante espérance, de son indéfectible attente. Car Jésus lui est exact, il ne regarde jamais de loin nos misères, il ne prend pas en gros nos détresses. Ces trente-huit ans d’épreuves, il les a vues, et son cœur jusqu’au entrailles en a été remué. Trente-huit ans ! A la piscine, on avait fini par s’habituer à ce bougre grabataire qui faisait partie de décor. Trente-huit ans ! Comme c’est long ! Ainsi de certaines vies et de certaines souffrances. Jésus ému lui n’est pas passé à côté du compte exact de tout cela, et dans son récit, l’évangéliste a bien eu raison d’en garder secrètement trace.
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