Exercer le jugement

Mercredi, 4e semaine de Carême (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 5, 17-30)

Reconnaissons-le : pour nous introduire plus avant dans le mystère trinitaire et le dessein de Dieu, ce passage n’hésite pas à nous dérouter. Pauvres juifs qui entendent ce morceau d’une telle intensité ! Nous ne sommes guère plus avancés. C’est que Jésus, avec un cœur qui déborde, veut nous dire tant de choses à la fois ! Le Père, le Fils : on ne sait plus bien qui est qui et qui fait quoi ! Une lecture rationnelle, un tantinet exigeant philosophiquement, ne manquerait pas de pointer les contradictions, les incohérences. Laissons donc la lecture « philosophique » et tendons quand même l’oreille.

Au nombre des merveilles à bien « capter » dans un tel discours (à côté de celle de la résurrection des morts !), celle-ci, parmi d’autres. Une affirmation décisive, propre à défaire à jamais ce que les hommes de toute époque et de toute culture, rongés par la culpabilité, n’ont cessé de redouter de Dieu : le Père ne juge personne. Dieu le Père ne juge personne…Oui, nous l’avons bien entendu. Dieu ne juge personne !

Est-ce à dire alors que notre désir de justice laisse Dieu indifférent ? Dieu est-il au-dessus de tout cela ? Il n’est en vérité question dans ce passage que de justice et de jugement ! Alors ? Dieu juge ou pas ? Au Christ, « il a donné le pouvoir d’exercer le Jugement, parce qu’il est le Fils de l’homme ». C’est à n’y rien comprendre, sinon que Dieu, par cette délégation mystérieuse, fait ce qu’aucun tribunal n’a encore osé : confondre en un seul et le procureur et l’avocat de la défense.

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