Nicodème

Samedi, 4e semaine de Carême (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 7, 40-53)

On le croisera plusieurs fois sur la route de Jésus. Son nom est Nicodème. La cinquantaine, un homme d’aplomb et droit, un beau visage de chercheur de vérité, une figure de pharisien exigeant, membre du Sanhédrin, un notable donc, bien placé socialement, mais jamais magouilleur. Ce Jésus décidément l’intéresse beaucoup. Il suit l’aventure depuis ses débuts, en marge, un peu de côté. Il reste certes prudent, il n’est pas du genre à prendre flamme comme ça ! Mais il se demande sincèrement qui est ce jeune rabbi, ce qu’il a à dire en vérité et à nous faire comprendre. Car il cherche à comprendre. Pas un apôtre bien sûr, mais à sa manière, un disciple qui s’ignore encore un peu, qui se laisse pourtant travailler peu à peu, en profondeur ; discret, mais souvent là, et à des moments décisifs !

Pas étonnant qu’il prenne aujourd’hui la défense de Jésus devant les pharisiens ses amis. Un homme libre, un intellectuel dirait-on aujourd’hui, qui pose des questions d’intellectuel (mais pas de pharisien !), et auquel Jésus répond si bien, parce que ses questions sont sincères, et Jésus sait qu’il les a au cœur. Comme on aurait voulu croiser un peu de ce regard que Jésus, dès la première rencontre, posa sur Nicodème : comme avec le jeune homme riche, le regarder, la première fois, c’était déjà l’aimer ! Les apôtres voyaient bien, eux, la belle attention, la profondeur et l’intelligence avec laquelle Nicodème savait recueillir les réponses acérées de Jésus. Mais dans l’invisible, Jésus, lui, voyait tout autre chose ! Car, s’il ne nous dévisage jamais, Jésus en revanche nous envisage ! Et il voit loin ! Dans nos cœurs, il voit très loin… Il savait qu’il ferait un jour bien plus que prendre sa défense au nom de la justice. Un soir de ténèbres, au Golgotha, aux côtés de Joseph d’Arimathie, c’est lui, Nicodème, qui viendra recueillir et prendre soin alors de sa propre dépouille de supplicié, apportant cent livres de myrrhe et d’aloès, dit l’évangile, pour honorer son pauvre corps sans vie. Nicodème, l’homme discret mais qui est là, jamais très loin, l’homme qui ne manque pas à l’appel quand tout le monde a déserté.

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