A l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père

Lundi, 6° semaine du Temps Pascal (année impaire)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 15, 26 – 16, 4a)

Dans l’ancienne traduction du lectionnaire, on faisait systématiquement commencer l’évangile de tous ces jours-ci par : À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père… Dans Jean, évidemment, la formule n’était pas autant répétée. On a renoncé dans la nouvelle version à cet ajout liturgique quotidien, qui aidait les fidèles à bien situer le moment de ces paroles de Jésus. On a perdu ce précieux complément circonstanciel de temps, scansion utile à contextualiser, à dramatiser les phrases du Christ. Toutes ces paroles intenses et bouleversantes de Jésus, comme un trop plein de son cœur qui en déborde à ce moment-là, c’est précisément quand il arrive au bord de l’abîme qu’il veut les donner. À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père. Quelques lignes chaque jour suivaient ensuite, comme un testament, solennel et décisif.

Mais c’était aussi une belle façon de nous rendre attentifs à cette « heure qui vient », à son mystère, qui n’est pas qu’une affaire d’horloge. En bonne logique, on aurait dû avoir une chronologie plus exacte, quelque chose comme : « Au moment où Jésus s’approchait de l’heure où il lui faudrait passer de ce monde à son Père ».

En vérité, cette heure qui vient était déjà commencée. Toutes les étapes de la vie de Jésus amènent à cette heure cruciale où il va passer de ce monde au Père. Tout y est récapitulé et contribue à en faire un temps plein à craquer de l'expérience du monde et de son amour. Si bien que Jésus, dans ce torrent de paroles, déjà donne tout, comme il donnera tout sur la Croix. D’un même et unique don. En nous disant cela, il ne fait pas que parler : déjà, il nous aime à l’extrême. Déjà, il passe de ce monde à son Père. L’ancienne liturgie des lectures avait finalement bien raison de répéter à l’envi un tel, si juste et si poignant préambule !

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