Inclinant la tête, il remit l’esprit
Lundi, 10e semaine du Temps Ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 19, 25-34)
Un vendredi bien noir au Golgotha. Point culminant de l’agonie, c’est donc à cet instant-là qu’il va mourir. Dieu fait homme va achever ici sa vie terrestre. Il meurt d’une mort qui n’est pas d’accident, simple dénouement tragique d’une histoire qui a mal tourné : il remet l’esprit, écrit Jean. Quelle est belle, cette façon qu’a l’évangéliste de le dire : Pas seulement un délicat euphémisme pour atténuer la crudité d’un « il mourut », le moment n’est à au style ni à la littérature. Il remit l’esprit. C’est qu’il a donné sa vie, toute sa vie : à cet instant, il donne aussi son esprit, redonne tout ce qui lui restait : ce dernier petit filet de vie, épuisé de souffrance, ce tout petit souffle d’esprit qui l’a maintenu libre jusqu’à l’extrême dans l’offrande de lui-même. Il remit son esprit. Jusqu’au bout, le Christ décidément est toujours celui qui remet. Sa mort n’est pas subie mais consentie, elle est le fruit d’une dernière parole où la mission (Tout est accompli) permet alors la rémission. Il remit l’esprit. Oui, jusqu’au bout, même dans son dernier souffle, c’est poignant, c’est lui qui agit. La mort est là maintenant, mais où est sa victoire ? Inclinant la tête, il remit l’esprit. Le corps tout de même défaille alors, la tête fléchit, il n’en peut plus d’aimer et de souffrir. Inclinant la tête ! Ce sera donc son ultime geste, bouleversant en vérité. Il s’est tellement penché sur nous et sur le monde ! Comme si, à l’instant même de sa mort, pour nous, il avait voulu le faire une toute dernière fois. Inclinant la tête ! Bien moins pas faiblesse que par tendresse.
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