La brebis perdue
Vendredi, 12° semaine du Temps Ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 15, 3-7)
Rien de moins raisonnable, de plus provocateur, que la parabole de la brebis perdue ! Jésus fait comme si les choses allaient de soi et se montre très optimiste sur notre art d’être bons bergers. Il fait sur ses auditeurs un pari audacieux, pas gagné d’avance : « Si l’un de vous a cent brebis et en perd une, ne laisse-t-il pas les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert pour aller chercher celle qui est perdue, jusqu’à ce qu’il la retrouve ?».
C’est en discussion chez les éleveurs ! Il est en effet des comptabilités plus pragmatiques. Après tout, on n’est pas à une brebis près. Une de perdue, et dix de retrouvées, ou du moins, plus de quatre-vingt-dix prudemment préservées. Et après tout, comme le dit le proverbe, mieux vaut tenir que courir. N’est-il pas en somme assez hasardeux d’aller courir après la fofolle buissonnière ? N’est-ce pas imprudent de lâcher le troupeau pour traquer la déserteuse, qui n’avait finalement qu’à bien se tenir ?
Mais Jésus ne fait jamais de l’élevage intensif. Son profit n’est pas statistique, intégrant d’avance et avec résignation, pertes et dégâts. Pas une seule brebis ne lui est indifférente. Pas une. Le troupeau en vérité n’existe peut-être même pas pour lui. Jésus ne cherche pas à renforcer le troupeau, il cherche à rencontrer et aimer de façon unique et personnelle chaque brebis. Plus le troupeau est troupeau d’ailleurs, plus le porteur sera seul. Et il faut bien que de temps en temps, une brebis s’égare pour qu’une solitude vienne parler à la sienne.
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