Séparer
Lundi, 15° semaine du Temps ordinaire
Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu Mt 10, 34 – 11, 1
Bien curieuse, cette annonce de la séparation, au sein même des familles. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère, déclare ainsi Jésus. Au sens premier, bien sûr, il arrivera que des familles se diviseront violemment, consécutivement à la conversion de l’un de ses membres. Jésus n’est pas consensuel, et toutes les familles, selon des degrés différents de tension, en font souvent l’expérience. Mais cette séparation intra-familiale qu’annonce Jésus n’est pas qu’une conséquence fâcheuse d’une communion impossible autour de lui. La séparation ! Bien plus profondément : comme une nécessité ontologique, originelle, très liée au mystère même de la personne. Dieu a créé le monde en séparant ! Chaque être est donc unique, son aventure humaine est singulière, sa vie théologale n’appartient qu’à lui. Dieu, s’il bénit les familles, n’est jamais clanique, ni tribal. Il est exigeant sur la responsabilité et la liberté de chaque personne humaine. Tous les drames psychiques, les psychologues le savent bien, viennent d’une impossible « séparation » entre génération et cela s’appelle l’inceste, qui le plus souvent est psychique, et parfois pire. Oui, je suis venu séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère. Une venue en forme de bénédiction donc, pour nous émanciper d’un lien à qui il arrive d’être très délétère. C’est bien là que les forces mauvaises travaillent aussi : se souvient-ton d’un des premiers slogans publicitaires d’un vendeur de téléphone portable que nous faisait naguère une bien redoutable promesse : vous ne serez plus jamais séparés ! Slogan commercial, ou terrible malédiction en vérité ? Oui Seigneur, viens séparer l’homme de son père, la fille de sa mère, la belle-fille de sa belle-mère, en vue de la communion, et non de la confusion des générations.
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