Jusqu’à la moisson
Samedi, 17ème semaine du temps ordinaire (année impaire)
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 13, 24-30)
Une parabole bien déroutante, dont Jacques Maritain disait qu’elle serait la parabole des derniers temps, éclairant toute sa philosophie de l’Histoire. Elle prend à rebrousse-poil notre zèle de bons disciples, et notre ardeur à procéder toujours à des soustractions purificatrices, rassurantes pour nous mais peut-être étrangères à la mystérieuse croissance du Royaume. L’ivraie, veux-tu que nous allions l’enlever, déclarent ardemment les apôtres ! Mais Jésus déboute leur énergie nettoyeuse : c’est que Dieu, là est son mystère, ne procède guère par voie d’arrachement ni de soustraction, mais plutôt par mode de conversion et d’assomption. C’est qu’il faut attendre. Attendre encore. Bien sûr que Dieu est prudent et pragmatique : en voulant bien faire, en enlevant l’ivraie, on risque d’arracher le blé. Mais plus profondément, et selon des lois qui sont du Royaume plus que de la botanique, une incroyable confiance est en lui : qui sait jusqu’à quel terme faut-il attendre et espérer pour que de l’ivraie elle-même devienne du bon blé ? C’est au fond cela que Dieu a au cœur. Aller au bout du bout, pour laisser aller à son terme la liberté du champ de réussir des mutations génétiques et botaniques dont nous n’avons sans doute pas idée. Car sous le regard de Dieu, les jeux ne sont jamais faits ! A la moisson seulement, on triera. Jamais avant !
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