Merci au premier poisson !
Lundi, 18° semaine du temps ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 17, 22-27)
La scène est, avouons-le, un peu déroutante. L’essentiel tout de même se laisse entrevoir. On le vérifie ici encore, Jésus n’est pas venu prêcher un royaume de ce monde, ni un choc fiscal : au grand dam des zélotes, sans doute, il n’endosse pas l’habit d’un révolutionnaire politique et ne veut pas ouvrir les hostilités avec les pouvoirs en place. Face à ses obligations fiscales, l’attitude qu’il préconise est d’être en règle et, selon la formule, de rendre à César ce qui revient à César. Pas de niche envisagée donc, ni de passe-droit. La sécession fiscale n’est pas au programme, avec aucune des autorités en place, ni celle de l’empereur ni celle du Temple. Autour de la feuille d’impôt, c’est à l’évidence profil bas. Stratégie de sa part ? Ne pas se laisser détourner du vrai combat ? Humilité ? Un Dieu fait homme est un contribuable comme les autres… C’est en vérité plus audacieux qu’il n’y paraît. D’abord, préalable au consentement, cette question à Pierre, presque en forme de boutade, pour vérifier par analogie l’évidence de la très grande liberté des fils, qui comme fils ne doivent jamais rien aux pères. Sujets des puissants de ce monde, en revanche, nous serons toujours assujettis et taxés. Mais fils de Dieu, fini les prélèvements : Dieu attend beaucoup de nous mais de notre cœur, pas notre bourse. Et cette si facétieuse façon de reprendre la main quand on n’a pas le sou pour imaginer comment payer son échéance fiscale. Une jolie façon, presque désinvolte, de relativiser une affaire piégeuse qui pourrait tourner au drame. Quelle suggestion ! Qui peut encore douter de l’humour du Christ ? La bouche du poisson, belle variante aquatique de la manne. Faisons-nous bien confiance aux bouche des poissons plus qu’aux bas de laine ? Chiche. Il s’agit juste de jeter l’hameçon ! Et c’est une pièce de quatre drachmes que Pierre y trouvera : Dieu, qui a tout prévu, paie toujours pour deux ! Le Seigneur est assez indifférent aux taxations des hommes mais il se peut bien que sa providence soit incroyablement inventive pour nous aider à nous en acquitter. La confiance, y compris pour payer ses impôts, prend parfois des allures de sourire ! C’est Jésus qui le dit.
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