L’intonation

Samedi, 18° semaine du Temps Ordinaire

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 17, 14-20)

Encore un bel exemple de parole de Dieu rapportée, mais qui exige de très bonnes oreilles. « Génération incroyante et dévoyée, combien de temps devrai-je rester avec vous ? Combien de temps devrai-je vous supporter ? » Parce qu'on est prompt à donner à Dieu des sentiments humains, très humains, d'emblée on y met forcément de l'agacement et de la mauvaise humeur. On imagine Jésus soudain un peu en rogne contre nous, et on fait alors profil bas, tout penauds que nous sommes. On le sait bien, les chefs ont leurs coups de gueule, et leurs accès de mécontentements et de réprimande, et on en prend alors pour son grade. Mais Jésus n'est ni adjudant ni chef de projet, et nous ne saurons jamais comment il a parlé : la retranscription de ses formules, interjections, ou interpellations mériterait bien qu'on invente pour l'écrit des points d'intonation. Car on aime faire dire à Dieu ce qu'il ne dit peut-être pas ! On l'aime menaçant, maudissant, tonitruant. Mais, hypothèse, s'il était venu parmi nous pour faire entendre une autre voix, un autre registre, de nouvelles intonations. Ici par exemple, qui nous dit qu'il n'a pas dit ses phrases avec un sourire tendre et taquin. Il voit ses braves gars qui s'y essayent à la guérison, et ça ne marche pas ! Est-il forcément là pour les engueuler, ou les titiller pour les faire bouger. Tout bon pédagogue le sait bien, qu'est-ce qui marche le mieux : un peu d'humour bienveillant, ou des accès de mauvaise humeur réprobatrice ? Quelle fut l'intonation exacte ? Pas si sûr que ce soit celle de l'agacement. Que celui qui a des oreilles…

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