Deux font un !

Vendredi, 20° semaine du Temps Ordinaire

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 34-40)

Docteur de la loi sans doute, mais pas mathématicien… Ce brave homme, il se fait entourlouper par une drôle d'opération : un curieux décompte, où deux valent un… Chez les pharisiens de l'époque qui cherchent tant à approfondir l'intelligence de la Loi, c'était un objet de noble débat que de savoir, parmi les 613 commandements, lequel était le plus grand. Peut-être bien que notre homme du jour a voulu coincer Jésus, en lui faisant courir le risque d'un blasphème, mais peut-être pas. Les pharisiens entre eux aimaient discuter et se mettre à l'épreuve, cet homme aurait pu être Nicodème, pharisien aussi et vrai chercheur de Dieu. Pour une fois, faisons crédit à ce pharisien de l'épisode, d'avoir voulu éprouver l'intelligence seule de ce jeune rabbi, qui a déjà bluffé si admirablement les sadducéens, et d'avoir désiré solliciter son interprétation dans l'affaire. Sans arrière-pensée. Pour avoir son avis.

Mais quelle réponse ! Jésus esquive en vérité le hit-parade requis. Il n'en choisit aucun des commandements, et ne répond pas bien à la demande. Ou plutôt, il en donne deux, ce qui ne correspond pas exactement à la question. Deux finalement, quand il fallait n'en retenir qu'un. Tout en disant que les deux en vérité ne font qu'un. De quoi y perdre son algèbre !

La vie chrétienne exige décidément des comptes bien nouveaux : La trinité, où trois ne sont qu'un ! Les commandements essentiels, où deux ne sont qu'un. Mais quelle merveille que cette comptabilité divine et les approfondissements du mystère dans lequel elle nous fait entrer : hisser l'amour du frère au niveau de l'amour de Dieu, purifier l'amour porté à Dieu de toute idolâtrie en le synchronisant à l'amour du frère, Dieu fait homme (en lui deux font un) sait très bien de quoi il parle.