Filtrer le moucheron !

Mardi, 21° semaine du Temps Ordinaire

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 23-26)

On disait du pape François qu'il avait le sens de la formule. Mais, à bien entendre l'évangile, et certaines prises de parole de Jésus, on peut dire qu'il avait de qui tenir ! On réduit souvent l'esprit de ce que Jésus nous dit à des apophtegmes très sentencieux et sérieux, on en fait très vite du catéchisme ou de la morale. On en fait… des paroles d'évangile ! On fossilise. On perd surtout l'intonation, et par conséquent l'incarnation. L'énonciation, comme disent les linguistes qui ont bien raison, compte autant que ce qui est énoncé ! A force de réduire ses paroles à du discours, c'est comme ça que de Dieu, hélas on perd peut-être l'essentiel : la tendresse, l'humour, l'émotion, qui donnent à entendre tout autre chose que des vérités assénées. Ouvrons donc davantage l'oreille à l'intonation ! On imagine ainsi que face aux aveuglements des pharisiens, Jésus est toujours dans la colère, l'imprécation, la dénonciation. Est-ce si sûr ? Ainsi, parce qu'ils nous ressemblent tant à toujours soigner l'extérieur et le paraître au détriment de l'intérieur, il ne les maudit pas ici. Il s'attriste pour eux… « Malheureux êtes-vous », par deux fois. Il se désole pour eux, sincèrement. Il les plaint, bien plus qu'il ne les juge. Et comme l'eutrapélie est vraiment de Dieu, faisant confiance au sourire plus qu'à la menace, tel notre pape François, Jésus risque une bien savoureuse formule qui aurait vraiment bien pu se qualifier pour devenir proverbiale : vous filtrez le moucheron, et vous avalez le chameau ! Quelle image si parlante ! Qui donc est Dieu pour nous taquiner ainsi, avec des formules plaisantes et des histoires de moucheron qui font mouche ? Nos petites travers n'ont de graves que d'entraver notre cœur. Et si la meilleure façon de les corriger était parfois d'en rire un peu, avec assez de tendresse pour ne jamais désespérer de nous ?

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