L’Assomption
Vendredi, 18° semaine du temps ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 1, 39-56)
La promulgation du dogme de l’assomption n’est pas qu’une dévotion mariale récente (1950), ni un privilège de plus octroyé à Marie. Son assomption n’est pas d’abord un passe-droit, un coupe-file pour le Ciel ni un avantage céleste qui la fait elle échapper à la mort, et la soustrait ainsi à l’humaine condition. Pensons aux paroles de la consécration à la messe, « ceci est mon corps » : paroles incroyables, qui peut en vérité les prononcer, sinon elle ? Entre son corps à elle et celui du Christ, c’est qu’il y a une consubstantiation mystérieuse sur laquelle la mort ne peut avoir pas de prise. Nous étions tous originellement promis à une très semblable dormition… Marie dans son Assomption est donc comme une mémoire autant qu’une promesse. En elle, l’amour filial de Dieu a restauré le projet initial, et a réalisé ce que notre piété en vérité désire avec tant d’ardeur. Celui en qui était la vie avant tout commencement, n’a pu s’empêcher de revêtir d’éternité celle qui lui donna la vie dans le temps, celle qui fut associée si étroitement à son œuvre rédemptrice, celle qui, dès sa conception, coopéra à sa victoire sur la mort… Car la mort est le salaire du péché ; or Marie, préservée du péché originel, et immunisée contre les assauts du mal en nous, échappait par-là même à la loi de toute chair. Et si son cœur fut percé par le glaive, si elle fut la Mère des douleurs, si elle descendit au tombeau, ce ne fut que pour être plus semblable au Rédempteur et pour participer plus activement à sa mission d’amour. Il fallait que l’analogie s’achevât et que l’Ascension du Christ eût un parallèle dans l’Assomption de Marie. Le fallait-il pour dédommager la très Sainte Vierge des humiliations de Bethléem, et des affres du Calvaire ? Le fallait-il pour faire éclater aux yeux de la fille de David et aux nôtres l’immensité de sa grandeur et de sa mission ? Mère de Dieu, avons-nous déjà réfléchi sur la portée de ces mots, au Mystère bouleversant qu’ils renferment ? Une femme est devenue Mère de Dieu ! Formule inséparable de celle-ci : le Verbe s’est fait chair. Aussi obscures l’une que l’autre, et aussi lumineuses, elles laissent toutes deux entrevoir, sous des aspects différents, ces abîmes de la miséricorde divine qui couronnent la créature. Le privilège de l’Assomption : pas d’abord pour elle seule, mais pour tout le genre humain à qui il donne à espérer, pour nos pauvres corps eux-mêmes, la gloire de l’éternité. Si nous pouvions nous aussi laisser Jésus vivre totalement en nous, et dire comme elle « ceci est mon corps », nous n’aurions pas perdu la grâce originelle de la dormition et la mort n’aurait plus de prise sur personne. Cette grâce, elle l’a. Mais Marie, c’est un peu son secret, n’est pas du genre à garder longtemps les choses pour elle….
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