Malheureux êtes-vous
Mercredi, 28° semaine du Temps Ordinaire
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 42-46)
Voilà aujourd'hui une vigoureuse parole, une sorte de discours des béatitudes inversé, qui passe en revue tous les loupés possibles de la bonne conscience des pharisiens. Pas tant pour les maudire que les convertir à l'essentiel. Dans la péricope de ce jour, nous avons ainsi les paroles d'avertissement que Jésus leur adresse pour les aider à prendre conscience de leur légalisme, voire de leur hypocrisie. Mais, comme il faut bien découper l'évangile en morceau, et ménager les sutures, l'usage liturgique de la liturgie de la parole ménage souvent une petite clausule introductive, dont le but est d'amener plus naturellement l'évangile du jour. Une petite indication initiale, qui ne mange en vérité pas de pain, et qui se contente d'une vague situation des conditions de l'énonciation dans laquelle, en ce temps-là, Jésus disait. Mais ce préambule, dont on comprend la présence liturgique légitime pour un meilleur lissage de l'extrait, il n'est pas dans l'évangile ! Il facilite certes l'insertion du passage, mais a pour mauvais effet d'isoler des paroles, de les sacraliser, de les décontextualiser, et peut finir par laisser entendre une profération tonitruante de paroles d'imprécation qu'elles ne sont pas dès qu'on regarde les choses d'un peu plus près. Une fois de plus, on a les mots, mais pas l'intonation. Quel malheur pour vous, répète Jésus à l'envi. Sent-on bien que de cela, il est le premier malheureux, Il se désole bien plus qu'il ne se fâche. Où parle-t-il ? Ce n'est pas seulement qu'en ce temps-là Jésus disait. Quelques versets plus haut, on découvre la situation réelle : pendant que Jésus parlait, un pharisien l'invita pour le repas de midi. A quoi Luc ajoute, ce qui n'est pas sans valeur : Jésus entra chez lui et pris place. Avant la vérité, la commensalité ! Et Jésus, à cette table juive qui promettait d'être fraternelle, aurait peut-être bien aimé parler d'autre chose. Mais voilà qu'à peine à table, sans une ni deux, le reproche arrive : la pharisien fut étonné en voyant qu'il n'avait pas d'abord fait les ablutions avant le repas. Un bien regrettable étonnement, qui a dû mal engager l'échange fraternel, et l'a obligé à s'expliquer. Tant de légalisme ! De quoi attrister Jésus, plus que l'indisposer. Mais il en verra d'autres.
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