Un endroit où reposer la tête

Mercredi, 26° semaine du Temps Ordinaire

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 57-62)

Florilège émouvant de paroles d'hommes glanées au fil des chemins. A chaque fois, le même élan, la même embardée : les hommes sont ainsi. Qu'il est beau ce franc dynamisme de l'engagement premier. La radicalité superbe des intentions ! Je te suivrai partout où tu iras ! Un cri du cœur, magnifique. Mais les jambes ? Du côté de l'intention, vraiment rien à dire… Jésus, qui ne connaissait pourtant pas La plaisante Sagesse lyonnaise, sait bien hélas que « le tout, c'est pas d'y dire, mais d'y faire. ». Il est bien terrible, l'éternel petit nota bene de réserve, la clause de restriction pour les urgences, la dédite prévue en cas de priorité. Oui, mais. Il y a donc souvent un mais ! Jésus a dû en prendre son parti : il suscite à l'évidence de l'enthousiasme, mais au fond, il n'est jamais prioritaire. Les hommes ont toujours mieux à faire. Sur lui, ils mettent volontiers une option, mais le décisif emporte rarement le facultatif. En réponse à leurs bonnes excuses, bien sûr Jésus lève patiemment en eux les préventions, réordonne les priorités, essaie de faire entendre de la vie quelle est la vraie hiérarchie. Peut-être sans y croire vraiment d'ailleurs… Pour atteindre leur cœur et les toucher vraiment, il sait à l'intime qu'il lui faudra leur donner bien plus que quelques bons préceptes de morale. A l'un d'eux d'ailleurs, il répond un peu différemment. Mieux que la leçon, il lui fait une confidence, sans doute une des plus bouleversante de l'évangile. Les renards ont des terriens, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le fils de l'homme n'a pas d'endroit où reposer sa tête. Pudique aveu de solitude, quête de nos cœurs comme seule demeure possible pour lui. Il cherche un endroit où reposer sa tête ! Illico, ne pouvons-nous pas tout arrêter ? Toute affaire cessante, le prendre en nous, dans nos cœurs, et donner à ce SDF venu du Ciel la meilleure de nos chambres d'amis ? C'est ce que font les saints. Puisse la Petite Thérèse, qui s'y connaît, nous aider à faire vraiment de notre cœur le reposoir qu'il n'a pas.

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