Noël après Noël, l’inattendu
Jeudi, 4° semaine de l'Avent
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 1, 18-25)
Au fil des années, et comme pour tout, on finit par s’habituer. De Noël, on a désormais l’usage, et le folklore. Au cœur de l’hiver, on aime sa lumière qui réchauffe. On pense cadeaux, réunion de famille, mets de qualité. On fait la crèche, bien sûr, et on ira peut-être même à la messe de minuit qui, à minuit, ne l’est désormais que très rarement. On a ainsi aménagé la fête, on a apprivoisé l’inouï. Terrible anesthésie de l’habitude ! Un Noël de plus… Douce et belle tradition. On passe un bon Noël !
Et pourtant ! Quand on y pense… Qui est ce Dieu qui un jour a fait effraction dans le monde pour venir sous la forme si inattendue d’un enfant. S’exposer à la fragilité, se confier à la précarité et, pour s’essayer à la vie d’homme, ne pas faire semblant. (Qui désormais peut lui dire : tu ne sais pas ce que c’est !) Il n’y a bien que Dieu pour avoir de telles idées !
Ne pouvait-il pas entrer dans l’aventure humaine par une plus grande porte ? Il a donc préféré l’imprévu d’un sein maternel, celui si modeste et très ordinaire d’une jeune fille d’Israël. Dieu, combien de légions : les puissants de ce monde ne pensent eux qu’aux rapports de force : Lui n’a en tête que relation d’amour. Qui aurait imaginé que pour rédimer le pire et défaire le mal, il lui opposerait la fragilité d’un si petit enfant, entré dans le monde sans que personne ne le sache. Dieu est toujours inattendu, jamais là où on l’aurait pensé. Il est le surprenant. A-t-on vraiment bien compris le secret de Noël : l’infinie surprise de Dieu, celle que l’on n’aurait pas vraiment imaginée. Celle qui vient changer l’histoire, par l’infiniment petit justement. Oui, Dieu arrive toujours de façon très inattendue. Et dans nos vies, croyons-nous au Dieu imprévu ? Savons-nous y voir le très petit, l’accueillir, lui faire confiance ? Car c’est là que Dieu souvent fait sa crèche. En attendant de grandir en nous et un jour, nous sauver. C’est la marque du Très Haut de se donner dans l’en-bas.Et la grâce de Noël, c’est de ne jamais s’y habituer ! D’être toujours attentif à ce qui ne paye pas de mine. Davantage : dans nos certitudes ou nos prétentions, le laisser nous mettre à terre. Noël nous apprend finalement à être nous aussi sur la paille. A l’étable de la joie profonde. Sobriété du sol, la litière du véritable abandon.
À la Promesse, fatiguée par tant de découragements, à l’espérance abîmée par tant d’horreurs quotidiennes, à l’avenir que tout semble compromettre, Noël vient redonner un visage : celui si bouleversant et mystérieux d’un fragile nouveau-né. Vulnérable et sans défense. Qui jamais en saura la puissance ?
L’adoration des bergers, Le Caravage, 1609
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