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Jésus entra chez lui et prit place

Mardi, 28° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 37-41) Toutes les exigences de la Loi, dans ses moindres détails, ablutions comprises, n'ont jamais paru ridicules à Jésus. Israël est à jamais le peuple sacerdotal ; il avait mystérieusement fallu que pendant des générations, ces hommes portent le joug exigeant d'une Loi, très bonne en vérité à restaurer de l'humain en l'homme et de réparer sa relation à Dieu. La mission de ce peuple : expérimenter dans sa chair l'alliance et paradoxalement, par la Loi, ouvrir le chemin d'une libération : « l'homme est serf par la nature et libre par la Loi » écrivait Lévinas. Mieux que personne, Jésus sait bien, de ce peuple, le sien, tout le mérite, la fidélité et l'engagement au fil des âges dans le service de la Loi. Et notamment les admirables pharisiens, une communauté juive dont il est si proche ! Oui, à l'égard de son peuple, Jésus s'émerveille. M...

La reine de Saba se dressera

Lundi, 28° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 29-32) Devant tant d'iniquité, Jésus s'irrite. Pas comme un Dieu de colère, vengeur et impitoyable, mais comme un Dieu sensible, atteint au cœur par le mystère du mal et sa capacité à défigurer l'homme, et par les complicités que nous avons souvent avec lui. Quelle génération n'est pas mauvaise, au sens où le mal n'aurait pas trouvé en elle de quoi s'infiltrer une fois encore dans l'histoire humaine ? Ne sachant plus comment toucher les cœurs, Jésus s'anime et va jusqu'à raviver la mémoire de la Reine de Saba. Bel hommage à l'étrangère venue en son temps en ambassade jusqu'à la sagesse de Salomon, poussée par on ne sait quelle intuition divine. Jésus dit alors qu'au jugement, elle se dressera en même temps que

Une voix au milieu de la foule

Samedi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 27-28) Il était en train de parler : sans doute essayait-il à ce moment-là d'éclairer pour eux l'aventure humaine, de leur révéler un peu du dessein du Père, de leur laisser deviner la part mystérieuse que lui, Jésus, y prenait. Il leur parlait de l'importance de la Parole. Et voilà qu'un cœur de femme déborde, et s'émerveille, de façon intempestive mais si spontanée ! Belle embardée d'enthousiasme, mais qui parasite la conférence et oblige à une brève interruption de séance. Il est touchant, ce petit échange entre elle et lui : comme une incise tendre et pleine d'humour, qui tourne à un souriant jeu du qui dit mieux ! Oui, émouvant, ce petit concours de béatitude ! Elle avait bien raison, cette brave femme, de célébrer l'heureuse mère qui a porté et nourri un tel fils ! Mais Jésus, sans ego, surenchérit sur le propos de la femme et déplace illi...

Par le doigt de Dieu

Vendredi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 15-26) Il aurait donc partie liée avec le chef des démons. Les adversaires de Jésus n'ont rien trouvé de plus odieux. Jésus consent pourtant, incroyable sollicitude, à répondre, à les ramener à la raison, comme si la logique pouvait ici être d'un grand secours. Si vous dites vrai, alors le démon combat le démon. Argument de bon sens, imparable. Comment soutenir que Jésus agit par Béelzéboul, alors que toute son activité est dirigée contre lui, depuis le terrible duel au désert. Absurde. Il aura donc tenté de répondre. Pas par le diable, mais par Dieu. Dieu seul, dont il est l'instrument. S'il expulse les démons, c'est, dit-il, par le doigt de Dieu qu'il le fait. Singulière précision. C'est suggestif de voir qu'il n'invoque pas tant ici Dieu que… son doigt. Curieux détail, anatomique, pour mieux évoquer et incarner l'œuvre

Demandez, on vous donnera

Jeudi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 5-13) On veut bien le croire : Dieu n'est jamais sourd aux demandes des hommes. Pourtant, le doute nous traverse quand une prière faite à Dieu n'a pas la réponse attendue. Notre recours à la prière, fort de la formule « demandez , on vous donnera ! » n'est pas toujours exempt de magie, il arrive qu'un réajustement purificateur s'impose. Le fruit de la prière, c'est parfois une libération : accepter de se désapproprier d'un vouloir humain tout puissant, dans lequel on avait tenté par la prière de faire entrer Dieu. Et pourtant : « Demandez, on vous donnera ». Jésus insiste. Jésus persiste. Il cherche à donner l'incroyable mesure du cœur du Père ; en un mot, sa miséricorde, jamais

Notre Père

Mercredi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 11, 1-4) On ne saura jamais le nom du disciple qui posa l'heureuse question. C'est que la question est sur les lèvres de chacun. Comment prier ? Jésus ne se dérobe pas et en quelques mots qu'il assemble et transfigure de la tradition juive, il nous donne le Notre Père. C'est dans le changement de personne du pronom possessif que l'essentiel s'est peut-être joué. Il nous apprend à dire Notre Père , pas Mon père. Première personne du pluriel, non du singulier ! C'est que l'amour de Dieu, même s'il est personnel, est à l'œuvre de façon mystérieusement commune. Nous nous portons les uns les autres, nous

Une seule est nécessaire

Mardi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 38-42) Une cigale attentive, une fourmi ici généreuse, voilà une petite fable évangélique dont la morale n'est finalement pas si simple. L'une est assise, sponsale, buvant la Parole. C'est l'immobile et éternelle Marie, celle qui sait aussi verser larmes et parfum. L'autre industrieuse, toute donnée au service, est un peu accaparée. L'une donc était l'oreille, l'autre la main. Et voilà que la main contre l'oreille s'emporte, et le corps tout entier alors a mal. À défaire soudain, un nœud : un rien d'amertume, et l'énergie tout à coup circule mal dans le corps-disciple, divisé désormais et désarticulé. Il y a plusieurs membres, et cependant un seul corps. Et la main ne peut dire à l'oreille : Je n'ai pas besoin de toi (1 Co 12, 19-21). Jésus se fait donc ici ostéopathe, pour redonner unité au corps. Quelle est la bonne pa...

Ce que tu auras dépensé en plus

Lundi, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 25-37) On a beau la connaître, cette parabole du Samaritain. C'est toujours avec émotion qu'on relit le détail de sa compassion en acte. L'évangile a voulu, c'est magnifique, nous faire l'inventaire précis de tout ce qu'il fait pour ce pauvre homme. Il le voit d'abord ! Il ne reste pas à distance mais s'approche et panse ses blessures , avec de l'huile et du vin , une pharmacopée de prix où déjà passe tout son amour. De quoi, dans l'invisible, faire de tout acte de charité un sacrement. Il le charge sur sa propre monture , pas sur une monture d'appoint, et le conduit dans une auberge où il prend soin de lui jusqu'au lendemain. Mais la pointe le plus fine de la fameuse parabole du Samaritain n'est pas encore là ! À l'aubergiste, à qui il le confie, il a cette incroyable parole, à laquelle on prête trop peu attention : pr...

[Podcast] Croire sur parole en l'impossible

Dimanche, 27° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 17, 5-10) Commentaire de l'évangile du jour diffusé sur RCF

Vos noms, inscrits dans les cieux

Samedi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 17-24) Ils revenaient pourtant tout contents de leur succès : Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux . Les apôtres s'attendaient à la bénédiction de leurs petites victoires sur le mal, mais Jésus enracine la bénédiction plus profondément, pour désensabler la vraie Joie ! Vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ! Comment mieux dire une bienheureuse prédestination d'amour, à laquelle, par chacun de nos noms singuliers, nous sommes appelés à répondre. Chacun a donc sa partition à jouer, elle est unique, et le monde l'attend. A l'histoire du monde, personne d'autre que nous n'apportera en propre ce que chacun a d'unique à donner. Quel programme ! Quelle

Diversité des territoires

Vendredi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 13-16) La passion égalitaire qui caractérise nos sociétés nous rend difficiles certaines paroles du Christ, qu'on préfère en doux apôtre de la Paix plutôt qu'en Dieu vrai et exigeant. On a même rêvé d'expurger certains passages violents ou affirmations déroutantes de Jésus qui viennent parfois contrarier l'image mystico-plaisante qu'on préfèrerait de lui. Comparés à Tyr et Sidon, Corazine, Bethsaïde et Capharnaüm font ici les frais d'un authentique emportement divin. Dans ce bas monde, tout le monde n'est donc pas ni beau ni gentil : et la menace pour eux est bien réelle. S'adressant à Capharnaüm, Jésus ne mâche ainsi pas ses mots, dans ce qui ressemble à une malédiction : « Tu descendras jusqu'au séjour des morts ! ». Bien plutôt un avertissement, anxieux qu'il est du salut d'une petite ville qu'il aime. C...

Leurs anges dans les cieux

Jeudi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 18, 1-5.10) Les anges gardiens sont-ils désuets, font-ils partie du folklore catho, version pieuse de la bonne étoile ? Jésus lui-même est pourtant bien clair, qui parle de ces anges dans les cieux qui voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux . La répétition nous avertit : il faut vraiment quitter la terre, sa logique, et passer au Ciel , pour contempler bien les réalités spirituelles qui le compose. Entrer dans le grand mystère du ciel et de la vie invisible, celles des anges, dont Jésus ne fait clairement pas une option facultative. Pourquoi cependant évoque-t-il l'existence des anges gardiens à propos des petits enfants, en précisant : « Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père » ? Sans doute pour donner toute leur dignité spirituelle à ces enfants que le...

Un endroit où reposer la tête

Mercredi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 57-62) Florilège émouvant de paroles d'hommes glanées au fil des chemins. A chaque fois, le même élan, la même embardée : les hommes sont ainsi. Qu'il est beau ce franc dynamisme de l'engagement premier. La radicalité superbe des intentions ! Je te suivrai partout où tu iras ! Un cri du cœur, magnifique. Mais les jambes ? Du côté de l'intention, vraiment rien à dire… Jésus, qui ne connaissait pourtant pas La plaisante Sagesse lyonnaise, sait bien hélas que « le tout, c'est pas d'y dire, mais d'y faire. ». Il est bien terrible, l'éternel petit nota bene de réserve, la clause de restriction pour les urgences, la dédite prévue en cas de priorité. Oui, mais . Il y a donc souvent un mais ! Jésus a dû en prendre son parti : il suscite à l'évidence de l'enthousiasme, mais au fond, il n'est jamais prioritaire. Les hommes ont toujours mieux...

Le feu du Ciel ?

Mardi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 51-56) Douloureux moment que celui au cours duquel les apôtres se cognent sur la terrible liberté de ces hommes qui refusent de recevoir Jésus. Un bien mauvais endroit que ce triste village de Samarie. Aujourd'hui, c'est le monde entier qui est plus ou moins à l'image de ce village inhospitalier et fermé de Samarie. Les fermetures de cœur ont toujours évidemment leurs bonnes raisons. Ici, à Samarie, de vieilles histoires, d'anciennes querelles de chapelle… Jésus se dirige vers Jérusalem, ce qui ne leur va pas, car eux, ils adorent ailleurs. S'ils savaient en vérité vers où il se dirige. On refusa de le recevoir . Est-il dans l'évangile phrase plus douloureuse ? La raison en est peut-être bien dérisoire, mais la réalité implacable. Aussi les vigoureux apôtres, tout pleins des ardeurs de la mission et remplis de zèle, ont alors une drôle d'idée : qu'...

Sous le figuier

Lundi, 26° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (Jn 1, 47-51) Émouvante rencontre que celle de Jésus et de Nathanaël ! L'homme s'avance. Et, débordant de tendresse et d'admiration quand il voit la pureté de son cœur, Jésus laisse alors paraître tout haut son émotion. Nathanaël s'en étonne. D'où me connais-tu ? dit-il alors à ce jeune rabbi qu'il n'a jamais vu. Avant que Philippe t'appelle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu . Un aveu de taille, touchant en vérité, et qui en dit long sur l'attention de Dieu. C'est donc que Jésus nous regarde, sous le figuier , avant même que nous nous avancions vers lui. Il nous voit, il nous envisage. Il contemple, au-delà de ce que nous en savons, la profonde et mystérieuse vie théologale qui est en nous. En nous, le plus petit ferment de sainteté ne lui échappe pas. Il nous espère. Et il le fait quand nous sommes sous le figuier , c...

L’interroger sur cette parole

Samedi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 43b-45) Ils avaient peur de l'interroger sur cette parole. Est-ce la gravité soudaine dans la voix du Christ ? La perspective est en vérité tellement incroyable que, chez les apôtres, elle ne donne lieu alors à aucune question. Elle les laisse de marbre, comme abasourdis. C'est en effet à n'y rien comprendre. Celui qui, à leurs yeux, à n'en plus douter, est assurément le fils de Dieu, le Messie tant attendu d'Israël, qui a déjà fait tant de miracles, parlé avec autant d'autorité, qu'il encourt le risque d'être bientôt « livré aux mains des hommes » , c'est totalement impensable ! Non pas qu'ils soient si sûrs que cela des hommes. Ils savent bien que lesdits hommes sont souvent capables du pire, mais ils sont sûrs de Dieu ! Ils sont désormais certains que, quoi qu'il arrive, quelles que soient les hostilités qu'ils rencontrero...

Qui suis-je ?

Vendredi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 18-22) A l'évidence, deux cercles autour de Jésus. La foule d'un côté. Elle a entendu ce Jésus de Nazareth parler comme peu d'hommes ont parlé. Elle l'a vu à l'œuvre, le long des chemins, guérir ici, délivrer là, relever tel passant de sa misère profonde. Saisie par le caractère extraordinaire de ce Jésus, elle s'est bien sûr interrogée. Qui est-il donc ? Jean-Baptiste ? Elie ? La résurrection d'un ancien prophète ? Mais au fond, peu importe. La foule n'ira pas plus loin, s'attachant surtout à recevoir d'abord ce que cet homme étrange et providentiel lui apporte de précieux : son enseignement, ses charismes, ses miracles surtout. Qui est-il en vérité ? La question est pourtant d'importance, car ce que Dieu veut donner aux hommes, ce sont moins ses bienfaits ou ses dons particuliers que lui-même. Jésus n'a d'autre attente...

Il cherchait à la voir

Jeudi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 7-9) Hérode commence à être troublé par ce qu'on dit un peu partout de cet homme de Nazareth. Il n'est pas à une vie près, il a déjà sacrifié celle du Baptiste aux manigances d'une femme manipulatrice, et du coup, il pensait bien en avoir fini avec les remous autour de ce petit groupe d'illuminés qui font un peu trop parler d'eux. Mais il ne suffit pas de supprimer quelqu'un pour épuiser son mystère, il ne suffit pas de mettre à mort pour mettre fin à un mouvement de conversion et d'amour qui monte et se diffuse. Qui donc est cet homme dont l'aura puissante se dessine maintenant derrière celle de Jean le Baptiste ? Est-il une menace ? Que dit-on de lui ? Ce n'est pas l'attention vraie qui est en alerte chez Hérode, celle qui dispose en profondeur l'ouverture du cœur et l'accueil, prémices de la foi et peut-être de la conversion...

De là que vous repartirez

Mercredi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 9, 1-6) La lettre de mission est assez claire. Esprit de pauvreté, abandon à la Providence. Pas de chaussures de rechange ni tunique de secours. Aucun contrat d'assurance. Ni sac ni bâton, le voyage se fera donc sans armes ni bagages. La carte de l'itinéraire se déploie en revanche sur de grandes largeurs. Il s'agit de ne pas chômer ! C'est que les besoins sont grands, et les malades nombreux. Menace de suractivité ? Les apôtres, étant partis, passèrent bien « de village en village » , pour annoncer la Bonne Nouvelle et faire « partout » des guérisons. Un risque ? Ne faire que passer. Ou passer un peu vite. Revenons à la lettre de mission. En donnant la méthode, elle prévient du danger par une précision utile sur laquelle on peut glisser vite : Si vous trouvez l'hospitalité dans une maison, restez-y . Belle exigence

A cause de la foule

Mardi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 8, 19-21) Si l'on se laisse aller au sentimentalisme familial, cette parole du Christ qui rabroue sa mère et ses frères sans autre forme de procès semble sévère. Elle n'en demeure pas moins purificatrice. Une certaine pastorale chrétienne a en effet tendance à sacraliser la famille, à en faire une fin en soi, un gage de réussite ou de bénédiction incontournable, conformément d'ailleurs aux valeurs culturelles du monde ancien. Jésus déplace sensiblement les choses. Certes, le christianisme bénit la famille, mais en l'ordonnant en profondeur au service. Mystérieusement, il ne lui réserve pas les premières places. Revenons à la scène et observons attentivement la justesse du placement des uns et des autres, à forte valeur spirituelle. Ainsi, sa mère et ses frères ne pouvaient arriver jusqu'à lui « à cause de la foule » . Cette mère incomparable et ses frères du...

La manière dont vous écoutez

Lundi, 25° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 8, 16-18) Entre deux paraboles et trois préceptes avisés, une recommandation de Jésus ce matin, comme en incise, qui pourrait bien passer inaperçue, et ne faire que passer : faites attention à la manière dont vous écoutez. Juste un petit conseil de bon aloi ? Une petite indication relevant de la fonction phatique du langage, comme disent les linguistes, équivalent à un votre attention s'il vous plaît ? En vérité, l'air de rien, le commandement des commandements ! Bien sûr qu'il faut aimer Dieu de tout son cœur et son prochain comme soi-même. Mais tout autant, il s'agit surtout de veiller sur nos oreilles ! Nos oreilles ! L'organe essentiel, et le diable, qui les déteste ouvertes, se plait à bien les boucher. C'est fou le nombre de trucs et de machins qu'on se fourre dans les oreilles, pour en obstruer la belle

Le semeur sortit pour semer la semence

Samedi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 8, 4-15) La parabole du semeur est plus qu'une parabole, c'est une leçon d'herméneutique. Avec une sollicitude infatigable, Jésus met les mots de Dieu à hauteur d'homme. Ici apparemment, plus de mystère. Interprétation close : la semence, c'est la parole de Dieu. Le bord du chemin est bien identifié. Pierres et ronces sont démasqués, jusqu'à cette bonne terre, qui livre son secret et montre ici son beau visage. Commentateurs circulez ! L'explication de texte est donc terminée ? Du terrain et de ses différents états, Jésus a dit l'essentiel. Il s'attarde assez peu sur celui qui traverse obliquement la scène, comme une ombre. Il désigne pourtant clairement le démon, déguisé en oiseau et qui, l'air de rien, s'obstine à dé-semer, à arracher la Parole de Dieu des terres superficielles. Il reste surtout très discret sur le protagonist...

Ainsi que des femmes

Vendredi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 8, 1-3) Qui se souvient de Jeanne, femme de Kouza, l'intendant d'Hérode ? Prête-t-on jamais assez d'attention au cortège divin, à son exacte composition ? Elle est assez émouvante, cette notation discrète du début de chapitre 8 de Luc. On y voit Jésus passer de village en village, accompagné bien sûr des douze. La brièveté de l'Évangile du jour permet toutefois un arrêt sur image très utile pour contempler l'importance d'un sillage essentiel dans les déplacements de Jésus, pour mesurer la présence des saintes femmes et l'importance qu'elles ont dans sa suite. Les femmes ! A l'époque évidemment, ce n'était pas bien leur place… Trois d'ailleurs, comme pour honorer leur assistance décisive à la mission, garderont à jamais un nom, presque un visage :

Savons-nous l’adorer ?

Jeudi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 36-50) Et si nous étions un peu comme Simon ? Le Christ s'est fait si proche des hommes que beaucoup humainement l'estiment. On peut l'inviter facilement à sa table, de façon presque mondaine, histoire de discuter avec lui, mais sans rien engager de nos vies. C'est à coup sûr quelqu'un d'intéressant. Savons-nous l'adorer ? Savons-nous encore nous prosterner devant lui, nous mettre à genoux ? Rien n'est plus contraire à l'esprit moderne. N'est-ce pas ce qui, dans l'islam, fascina Charles de Foucauld et quelques grandes âmes en quête de Dieu. Nos eucharisties, et c'est bien, sont des lieux de rassemblement. Sont-elles encore des lieux d'adoration ? Reconnaissons-le, nous perdons parfois le sens du sacré. Voyons-nous assez la

Gamins assis sur la place

Mercredi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 31-35) Pourquoi donc aller chercher cette histoire de gamins assis sur des places qui en interpellent d'autres , pour nous réveiller de nos inattentions ? Pour nous arracher au « cause toujours ! », désensabler en nous la disponibilité à bien entendre et à bien comprendre, quelle curieuse comparaison ! Et à qui ressemble cette génération , celle du temps de Jésus, mais aussi la nôtre, puisque la richesse du démonstratif permet de jouer de la double référence ? Plutôt à ces sales gamins, les autres, ceux qui sont interpelés parce qu'ils n'en font jamais qu'à leur tête, bornés et définitivement à côté de la plaque ? Ou, sur la même place, assis à leurs côtés, à ces vivants enfants qui passent leur temps à jouer de la flûte et chanter des lamentations ? A chaque époque, ce coin où jouent les enfants, la place du village se diviserait donc en deux ? A moins que ce ne s...

C’était un fils unique

Mardi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 11-17) C'était un fils unique, et sa mère était veuve . C'est assez pour dire l'intensité du drame. L'évangéliste, feignant de donner juste l'information, prend là la terrible mesure du malheur humain et de la façon injuste, incompréhensible, avec laquelle il frappe certaines existences. Il est des pensées religieuses où la souffrance est à proportion du péché, comme justifiée, et il faut expier. Pas avec Jésus. Devant tant d'infortunes humaines, il craque. Qui est ce Dieu incroyable qui, par amour, craque devant nos grandes misères. Il sait bien qu'un jour, évidemment, tout cela sera transfiguré. Mais à ce jour… Alors, il y va ! Il ne diffère pas. En vérité, en ressuscitant ce tout jeune homme, il commence à

Seulement une parole !

Lundi, 24° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 7, 1-10) Le centurion romain ! Un des plus beaux visages de l'évangile. Une rencontre inoubliable, qui a beaucoup touché Jésus lui-même. En lui, le constant rappel que la sainteté est en partage dans toute l'humanité, et ne se confine pas aux bornes des apparences, ou des seules obédiences : même en Israël, je n'ai pas trouvé une telle foi . Le mystère de l'Église, de même, la fait secrètement et heureusement déborder des frontières de ce qu'on en voit. A cet homme magnifique et sans doute si essentiel, la liturgie eucharistique a emprunté les mots merveilleux de sa supplique au Christ pour les mettre à chaque messe dans notre bouche : dis seulement une parole et je serai guéri . Dis seulement une parole… Bien sûr, dans le sens premier : un seul mot de toi suffit. Une façon de reconnaître à Jésus son autorité. Un chef n'a qu'à parler, et sa parole se...

Écologie évangélique

Samedi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 43-49) À bien écouter Jésus, on voit l'avantage qu'il y a à observer attentivement la nature, son fonctionnement, implacable parfois. De quoi le Christ fait-il souvent la matière de son enseignement, sinon de ce que nous enseignent les arbres, de ce que nous disent les figues, les ronces, les vendanges, le raisin ou les épines, ou encore les torrents, qui dévastent les maisons mal établies. La sagesse de l'évangile prend souvent corps de la sagesse humaine, en nous invitant à mettre spirituellement à profit les lois du monde. Apparemment simple ! Encore nous faut-il consentir à ce que les choses soient ce qu'elles sont, selon un principe de réalité, qui parfois contrarie notre principe de plaisir. Avec toutes ces images, Jésus veut aussi nous

La paille et la poutre

Vendredi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 39-42) L'image de la paille et de la poutre dans l'œil est si éloquente que la parole de Jésus en est devenue proverbiale, tant elle relève de la sagesse humaine. La leçon s'adresse d'abord aux maîtres, et leur rappelle leur propre misère. Qu'aucun ne se prévale de sa supériorité. Si elle existe, par l'âge, la science, la sagesse, elle ne sera qu'une supériorité de service. Du coup, le disciple, s'il est entré dans une juste intelligence du service, ne sera jamais à son tour « au-dessus du maître ». La transmission véritable n'a pas à voir avec la formule 1 : elle n'est affaire ni de compétition ni de dépassement. Quelle est ici pourtant, au-delà de sa seule valeur de sagesse humaine, la pointe évangélique de ce passage ? A bien lire, s'agissant de clairvoyance, tous ces retraits intempestifs de paille et de poutre entre f...

Tendre l’autre joue

Jeudi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 27-38) Tendre l'autre joue, un précepte qui a fait couler beaucoup d'encre. Utopie idéaliste ? Humilité exacerbée ? Aveu de faiblesse ? Le christianisme se ferait-il l'apôtre d'une non-violence excessive, d'une passivité complaisante devant le mal ? Dans l'expression devenue proverbiale, on s'attache trop à la deuxième joue, qui focalise l'attention et crée l'image d'un second coup : comme s'il s'agissait en vérité de bander stoïquement la volonté et se préparer à prendre aussitôt une claque supplémentaire. Dans « l'autre joue », c'est moins le mot « joue » qui compte que le mot « autre ». Dans tous les cas, il s'agit moins d'endurer héroïquement une seconde agression que de changer résolument de côté. D'inverser l'escalade de la brutalité, de passer sur un autre versant des choses, de changer de riv...

Sur un terrain plat

Mercredi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 20-26) Dieu aujourd'hui ne nous fait pas d'abord la morale, fût-elle évangélique, il veut nous ramener à la vie. Les béatitudes sont des paroles de vie, et de survie ! Comme une nouvelle Torah qui n'invalide pas l'ancienne mais l'enrichit et l'accomplit. Ce qui est bouleversant, c'est que ce n'est plus Moïse qui parle pour Dieu, de façon un peu tonitruante du haut du Sinaï, mais Dieu lui-même. Un Dieu qui, parce qu'il est Dieu, peut désormais révéler au cœur de l'exigence son incroyable douceur et sa vraie toute-puissance. Car le Mont des béatitudes, pour qui connaît ce lieu si paisible et si enchanteur de Galilée, n'a décidément rien d'un Sinaï. Les évangiles d'ailleurs se contredisent : où exactement Jésus a-t-il parlé ? Matthieu lui gardera les sommets, même modestes et, en donnant la parole à Dieu du haut d'une monta...

Il passa la nuit à prier Dieu

Mardi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 12-19) En ces jours-là, Jésus s'en alla dans la montagne pour prier, et il passa la nuit à prier Dieu . Se mettre en retraite est alors nécessaire à Jésus. A l'écart, sur une montagne, pour être dans la solitude autant qu'en altitude, il lui faut se retirer. Comme il convient avant les grandes décisions (ici le choix, déterminant, des apôtres), il a besoin de se soustraire à l'emprise de l'immédiat pour méditer, et prendre du recul. Pour prier : le mot revient deux fois dans la phrase. Mais la prière de Jésus n'est pas notre prière. Ce n'est pas un homme qui, pour l'appel des douze, s'adresse à Dieu pour lui demander la grâce d'un bon discernement. Elle est en réalité toujours très mystérieuse, cette prière de Jésus à son Père, car elle puise au colloque éternel des personnes de la Trinité. Nuit profonde, qui nous fait entrer dan...

Tu lui donneras le nom de…

Lundi, 23° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 1, 1-16.18-23) Vu sa longueur, certains sont tentés de raccourcir la généalogie du Christ qui ouvre l'évangile de Matthieu. Ce serait se priver d'une magnifique litanie de la fidélité, de ces beaux noms anciens égrenés en chapelet pour dessiner une émouvante continuité humaine. Bel inventaire d'une descendance plus poétique que génétique, longue généalogie qui creuse le temps pour dire que Dieu a de la suite dans les idées, davantage que de s'assurer de la pureté du sang, encore moins de la race. Car, à l'oreille attentive, ce que laisse entendre la belle scansion de ce lignage ininterrompu, ce sont des ruptures. Celle du péché (David et son union avec la femme d'Ourias), celle des étrangères (Ruth) ou des prostituées (Thamar et Rahab) qui paradoxalement relancent et sauvent l'héritage saint ; ou celle encore des grandes souffrances qui infléchissent...

Lira bien qui lira le dernier

Samedi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 6, 1-5) Sans rien abolir de la Loi mais en désirant l'accomplir, on sait combien Jésus et ses disciples ont pris des libertés par rapport aux exigences très formelles du sabbat. Et les évangiles rapportent combien cela a souvent suscité l'incompréhension et l'indignation des pharisiens de stricte observance, à qui Jésus a tenté de redonner le sens profond du sabbat en les remettant devant une exigence spirituelle et humaine, plus que simplement légaliste. Ce qui est reproché aux disciples ici, c'est d'arracher des épis un jour de sabbat et de les froisser, une forme de battage, ce qui s'apparente à un travail. Le reproche est pointilleux, dérisoire. Ce qui frappe dans l'épisode que rapporte Luc, c'est la façon dont il s'y prend pour légitimer l'attitude de ses disciples. N'avez-vous pas lu ce que fit David un jour qu'il eut faim ...

L’Époux leur sera enlevé

Vendredi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 5, 33-39) Pour surseoir à l'impératif du jeûne chez ses apôtres, Jésus évoque un temps « où l'Époux leur sera enlevé » . L'énallage (parler de soi à la troisième personne) n'est pas ici une simple figure de style. Elle contribue à la manifestation progressive de l'identité véritable du Christ, elle se justifie par l'image de la noce, qui révèle un peu du mystère de la communion entre Dieu et les hommes, caché encore dans le simple compagnonnage de Jésus et de ses disciples. Mais l'évangile curieusement ne parle pas du jour où Jésus partira , ni du moment où il ne sera plus là (lui qui a dit au contraire qu'il sera avec nous tous les jours jusqu'à la fin des temps). La traduction française tient ferme à la tournure passive. L'Époux donc leur sera enlevé : comme pour laisser pressentir un dessein plus large et très mystérieusement ord...

En eaux profondes

Jeudi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 5, 1-11) Lors de leur précédente sortie, les pêcheurs de Galilée n'avaient pourtant pas économisé leur peine. Pierre l'avoue humblement à Jésus : toute la nuit, ils ont vaillamment lancé les filets. Qu'est-ce donc qui va rendre la pêche de ce matin-là si miraculeuse ? La seule présence de Jésus bien sûr, qui, par l'autorité de sa parole, les renvoie pour un nouvel essai, exceptionnellement productif cette fois. Mais s'agit-il de faire un miracle pour faire un miracle ? Il s'agit de faire en eux des cœurs d'apôtres : Désormais, ce sont des hommes que tu prendras . Jésus, quand il renvoie Pierre, ne se contente pas de le renvoyer, il lui donne la méthode. Étaient-ils allés assez avant ? Chacun de ses mots compte. Il demande d'avancer « au large ». « En eau profonde », comme on le traduit parfois, là où l'eau n'est plus claire. Si, pou...

Nuit blanche

Mercredi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 38-44) Quelle nuit épuisante pour Jésus ! Voilà qu'il vient à peine de guérir la belle-mère de Simon Pierre que le bruit du miracle se répand dans Capharnaüm. On les imagine alors, au seuil de la maison, tous ces hommes et femmes qui lui amènent sans délai leurs infirmes. Il semble en sortir de partout. Bouleversante image de notre humanité : tous ces pauvres, atteints de diverses maladies, de l'âme autant que du corps, tous ces entravés de la liberté que retiennent des esprits mauvais. Tel homme son enfant, telle sœur son frère, telle femme sa voisine. Comme c'est beau de voir les bien-portants venir lui présenter les infirmes ! Il n'a pas le cœur de les renvoyer, et toute la nuit, infatigablement, les arrache à l'emprise du mal. Il prend même des risques. Quand ce n'est pas encore l'heure, il s'expose à être reconnu comme le Messie. ...

Je sais qui tu es

Mardi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 31-37) Pas facile d'enseigner… Jésus n'échappe pas aux difficultés du métier qui sont parfois pédagogiques, sociales, ou culturelles mais, et peut-être plus souvent qu'on imagine, spirituelles. Rien de plus compliqué en effet que d'ouvrir les oreilles (et les cœurs !) à ceux qui font tout pour les garder bouchées, ou bien encombrées. Qui d'ailleurs prête vraiment l'oreille ? Écoute Israël ! La grande supplication de Dieu… Mais Israël, et l'humanité alentour a, comme le cœur, les oreilles dures et bouchées et ne veut décidément rien entendre. Il arrive aussi qu'à qui enseigne, des oppositions d'une autre nature se fassent jour. Celle notamment, méphisto

Sabbat à Nazareth

Lundi, 22° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 4, 16-30) Ce devait être un shabbat ordinaire à la synagogue de Nazareth. Au programme des lectures, un extrait d' Isaïe , qu'on aurait écouté une nouvelle fois d'une oreille distraite si la voix du lecteur n'avait pas émis ce jour-là un son curieux. Tous alors sentent bien qu'il se passe quelque chose avec ce gars du coin, le fils du charpentier Joseph. De sa bouche, ce ne sont pas seulement des mots habituels qui viennent à eux, mais de troublantes paroles de grâce . L'étonnement émerveillé ne va pas durer. A peine commencée, la mission de Jésus rencontre déjà l'incompréhension. Première prédication, premier malentendu ! Il y en aura tant d'autres. Qui donc est-il, ce fils du charpentier, pour secouer Israël

Faute d’usage

Samedi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 25, 14-30) Il fallait placer mon argent à la banque et à mon retour tu l'aurais retrouvé avec les intérêts : précepte pour bon manuel de gestion d'actifs ? Célébration du système bancaire et des fonds d'investissement ? Promotion marquée à ceux qui connaissent les placements juteux ou les bons coups à faire ? La morale de la parabole, qui plus est, heurte sensiblement nos revendications égalitaires et peut aujourd'hui scandaliser : à celui qui a on donnera encore…et celui qui n'a rien se verra enlever ce qu'il a. Quant à ce pauvre serviteur bon à rien, et qu'il s'agit alors de jeter dans les ténèbres extérieures, on a envie de plaider un peu sa cause. D'en appeler sur lui à plus de miséricorde ! Pas un audacieux certes, mais quand même : en vérité, ce pauvre serviteur croyait bien faire, il avait surtout peur. Sa pièce, il pensait la pro...

Sur un plat la tête de Jean

Vendredi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 6, 17-29) Jean Le Baptiste est associé de façon très mystérieuse à la Rédemption : il est bien sûr le Précurseur, celui qui trempe toute une part d'Israël dans un Jourdain de repentance et prépare la venue de plus grand que lui. Mais, et on n'y prête moins attention, il est aussi associé au mystère de la Croix, puisque, protagoniste majeur de toute cette histoire, il est le tout premier à donner sa vie. Et de quelle façon ! Finir la tête sur un plat… Cette histoire minable, l'évangile la raconte en détail, le récit s'attarde sur le mécanisme sordide qui conduit à la veulerie d'Hérode. C'est un passage en vérité poignant car il est des morts, hélas, qui ne sont ni très glorieuses ni héroïques. Finir la tête sur un plat ! Un plat, c'est beaucoup moins iconique qu'une croix ! Comme si, c'est cela qui est bouleversant, le Baptiste avec cette mise ...

L’heure où vous n’y pensez pas

Jeudi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 24, 42-51) C'est à l'heure où vous n'y pensez pas que le Fils de l'homme viendra. La phrase du Christ n'est pas là pour nous faire vivre dans l'angoisse. Saint Louis de Gonzague, à qui on demandait ce qu'il ferait s'il devait mourir dans une heure alors qu'il jouait au ballon répondit : « finir la partie. ». Bel exemple de confiance ! Plutôt que de dramatiser l'échéance, l'exhortation de Jésus voudrait réveiller nos torpeurs, vivifier nos journées, nous inviter en somme à sanctifier le temps. Mesurons-nous assez qu'à l'échelle de l'amour, chaque minute de nos vies compte peut-être plus que nous ne l'imaginons ? Les heures apparemment se suivent : le capital en semble inépuisable. Si bien qu'à vue humaine, il nous arrive de douter du prix de chaque instant. Une journée chasse l'autre et se démonétise, ins...

A l’époque de nos pères

Mercredi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 27-32) Si nous avions vécu à l'époque de nos pères… L'hypothèse des pharisiens hypocrites pour se rassurer (a posteriori) sur le comportement irréprochable qui n'aurait pas manqué d'être le leur du temps où l'on versait le sang des prophètes rencontre une tentation qui peut encore nous saisir. Si nous avions vécu à l'époque de nos pères, bien sûr, nous n'aurions pas agi comme eux. Les mauvais choix, tellement plus lisibles il est vrai avec le recul, nous ne les aurions pas faits. L'évidence de l'après-coup ! Nous n'aurions pas laissé commettre telle injustice, nous aurions dénoncé haut et fort tel aveuglement. Certes, se rêver du bon côté de l'histoire relève aussi d'une forme d'idéalisme,

Filtrer le moucheron !

Mardi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 23-26) On disait du pape François qu'il avait le sens de la formule. Mais, à bien entendre l'évangile, et certaines prises de parole de Jésus, on peut dire qu'il avait de qui tenir ! On réduit souvent l'esprit de ce que Jésus nous dit à des apophtegmes très sentencieux et sérieux, on en fait très vite du catéchisme ou de la morale. On en fait… des paroles d'évangile ! On fossilise. On perd surtout l'intonation, et par conséquent l'incarnation. L'énonciation, comme disent les linguistes qui ont bien raison, compte autant que ce qui est énoncé ! A force de réduire ses paroles à du discours, c'est comme ça que de Dieu, hélas on perd peut-être l'essentiel : la tendresse, l'humour, l'émotion, qui donnent à entendre tout autre chose que des vérités assénées. Ouvrons donc davantage l'oreille à l'intonation ! On imagine ainsi...

Vous fermez à clé le royaume des Cieux

Lundi, 21° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 13-22) Des magouilleurs, à l'évidence, ces scribes et pharisiens ! On comprend que le Temple est devenu un lieu de trafic et que Jésus s'essaie à remettre du sens dans tout ce qui s'y pratique, selon le grand principe, générique et essentiel, que c'est pour l'homme qu'a été institué le shabbat, et non l'inverse. On ne les aime donc guère, ces misérables scribes et pharisiens hypocrites ! Mais à quel moment sommes-nous, nous aussi, un peu scribe et pharisien hypocrite, ou douanier , comme aimait à dire le pape François ? Il nous arrive aussi de fermer à clé le Royaume des Cieux, en focalisant sur la serrure et en méconnaissant les effets très

Ne donnez à personne sur terre le nom de père

Samedi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 23, 1-12) Curieuse injonction de Jésus, qui cependant prend sens aujourd'hui, avec tous les abus que nous savons. A une époque où paradoxalement la paternité fait souvent défaut, comment comprendre un tel principe de sagesse et de précaution ? Ne donnez à personne le nom de père . En vérité, ne vous laissez jamais manipuler au nom d'une domination soi-disant paternelle mais perverse qui vous fera abdiquer toute conscience et toute liberté. Toute vraie paternité en effet est toujours une paternité de service et non de domination, elle vise la vie et la liberté. Mais quel usage sur terre faisons-nous hélas de cette si belle charge ? Ne donnez à personne le nom de père Oui, veillons à purifier cette tentation en ne réservant ultimement ce beau nom qu'à Dieu seul, et pas forcément à ses représentants, qui peuvent hélas en mésuser. Quelle merveille d'ailleurs qu...

Deux font un !

Vendredi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 34-40) Docteur de la loi sans doute, mais pas mathématicien… Ce brave homme, il se fait entourlouper par une drôle d'opération : un curieux décompte, où deux valent un… Chez les pharisiens de l'époque qui cherchent tant à approfondir l'intelligence de la Loi, c'était un objet de noble débat que de savoir, parmi les 613 commandements, lequel était le plus grand. Peut-être bien que notre homme du jour a voulu coincer Jésus, en lui faisant courir le risque d'un blasphème, mais peut-être pas. Les pharisiens entre eux aimaient discuter et se mettre à l'épreuve, cet homme aurait pu être Nicodème, pharisien aussi et vrai chercheur de Dieu. Pour une fois, faisons crédit à ce pharisien de l'épisode, d'avoir voulu éprouver l'intelligence seule de ce jeune rabbi, qui a déjà bluffé si admirablement les sadducéens, et d'avoir désiré solliciter...

La croisée des chemins

Jeudi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 22, 1-14) La « croisée des chemins », c'est là que le Roi de la parabole lance finalement les invitations, quand il comprend que les convives attendus au festin ne viendront pas. Les invités officiels ont mieux à faire. C'est qu'ils ont champ et commerce. « Allez donc aux croisées des chemins ! » ordonne alors le Roi. Mais quand Jésus raconte cette parabole, comment, lui, le Christ, prononce-t-il l'invitation ? Car la « croisée des chemins », voilà un lieu qui lui est cher. A ce mot seul, tant de souvenirs déjà remontent en lui, tant de rencontres lui reviennent en mémoire. De ce lieu qui n'en est pas un, ouvert à tous les vents comme à toutes les directions, il sait par l'intime la misère. La croisée des chemins ! Il a tant aimé s'arrêter à ce lieu du tout-venant de l'humanité. Il a aimé y demeurer. C'est là qu'il s'est mi...

Le denier du dernier

Mercredi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 20, 1-16) Dans l'évangile, que de passages déroutants où les règles ordinaires de l'économie sont mises à mal, où la justice sociale même est comme bafouée. Pour les contrats de la terre, la rémunération est toujours proportionnelle au travail, c'est entendu. Et les ouvriers de la première heure, qui ont œuvré toute la journée, sont légitimes dans leur revendication syndicale à vouloir une paye supérieure à ceux de la dernière. Jésus ici brouille les cartes, ou plutôt les feuilles de paye ! Peut-être avec humour, il raconte cette parabole, juste pour aller chatouiller notre sens commun de la justice et mettre à l'épreuve notre obsession de l'équité. On oublie vite de quoi il s'agit ! Pas d'un plan social, mais du Royaume des Cieux. On a du mal à avaler

Le chameau et le chas

Mardi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 19, 23-30) Certaines paroles du Christ deviennent proverbiales, mais hors contexte. On en connaît bien la lettre, mais en saurons-nous jamais la situation d'énonciation, comme disent les linguistes, et surtout l'intonation ? Comment Jésus a-t-il réellement prononcées les sentences proverbiales qu'on lui attribue ? C'est qu'on a tôt fait de transformer le Christ en prédicateur de vérités définitives, prompt à proférer ex cathedra des préceptes à graver dans le marbre. N'est-ce pas manquer l'incarnation ? Oublier l'essentiel, la relation, le grain de la voix ? Cette voix unique, dont il est dit que ses brebis la reconnaissent. Ainsi de l'adage : il est plus facile à un chameau de passer par un trou d'aiguille qu'à un riche d'entrer dans le royaume des cieux ! Comment le Christ a-t-il pu prononcer cela ? L'image est as...

Tout triste

Lundi, 20° semaine du Temps Ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 19, 16-22) Il y a la liberté humaine ! Celle-là même qui fait s'en aller ce jeune homme riche que Jésus croise un jour, et qui, peut-être, aurait été un très grand apôtre ! Son nom d'ailleurs demeure à jamais caché dans le cœur de Dieu. Marc ajoute au récit de l'épisode cette notation émouvante : Jésus le regarda et se prit à l'aimer (Mc10-21). La tendresse était là…mais la tendresse n'est pas magique, ni hypnotique. Elle laisse libre. Il y a eu aussi Judas. Quand le même évangéliste fait l'inventaire des douze apôtres, il ne retouche pas la photo, à la soviétique, et finit la liste par le nom de Judas, celui-là même qui le livra (Mc3-19). Comment le Christ, qui savait tout, les regarda-t-il au premier jour, ces hommes et ces femmes qui n'ont pas répondu jusqu'au bout et à cœur déployé ? On voudrait repasser le film, guetter en Jésus l...

Ceux qui leur ressemblent

Samedi, 18° semaine du temps ordinaire Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (Mt 19, 13-15) Dans le monde ancien, pas d’enfant Roi ! Les disciples sont donc autorisés à écarter ces gamins que l’on a l’idée saugrenue de présenter à Jésus. Les enfants ne sont bons qu’à jouer, en attendant d’être un jour des hommes ! Passons donc à des interlocuteurs un peu plus mûrs et plus sérieux. On aurait aimé être là, pour voir la profondeur du regard que Jésus posa alors sur chacun de ces gosses. Qui prenait alors au sérieux la plénitude de leur vie théologale, le mystère sacré de leur personne ? Avait-on d’ailleurs idée de ce qu’est une personne ? Jésus a dû contempler en eux toute une vie en germe, grandeurs et misères mêlées ; avec des actes de vraie charité au hasard des chemins de traverse et des déroutes. Une vie ordinaire mais unique, au seuil du grand combat entre l’infatigable miséricorde de Dieu et la redoutable liberté humaine. Sans doute a-t-il vu auss...