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Dans un linge

Mercredi, 33° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 19, 11-28 )       Seigneur, voici ta pièce d’or, je l’avais mise de côté dans un linge. Dans un linge : petit détail significatif, dans une parabole qui n’en déborde pas. Ce serviteur croyait bien faire, il avait surtout peur. Sa pièce, il pensait la protéger, la dissimuler, la soustraire à toute circulation risquée, à tout contact étranger. Avec le linge, il croyait tout amortir . Mais dans « amortir », il y a mort . Il est des linges protecteurs qui sont en vérité des linceuls !      Trop de linges aujourd’hui nous étouffent. Principe de précaution, épargne et prévoyance, qui veulent conserver à l’identique, ne rien jouer ni risquer, ne rien perdre ni ne rien donner. Mais la charité et la joie, elles,

Double hâte

Mardi, 33° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 19, 1-10 ) Qui de nous est vraiment fidèle à la promesse de son nom ? Il s’appelait Zachée, le « pur, l’innocent » en hébreu. Mais la vie était passée par là, avec ses compromissions et ses entourloupes au fil des jours. Zachée avait perdu l’innocence depuis bien longtemps. Aujourd’hui, il collaborait apparemment sans vergogne avec les Romains pour collecter l’impôt, faisant ronfler les marges prélevées sur ses frères juifs, s’enrichissant à mesure qu’il les éreintait. Apparemment. Il est dit aussi,

Que veux-tu que je fasse pour toi ?

Lundi, 33° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 18, 35-43 ) Depuis combien de temps avait-il fait du bord du chemin sa demeure ordinaire ? Sans doute l’aveugle mendiant s’était habitué à l’indifférence quotidienne dont il était l’objet. Les gens, sur la route, ne font guère que passer. De temps à autre, une obole tombait bien dans sa sébile, histoire de ne pas le faire désespérer du genre humain. Mais que pouvait-il attendre désormais de la vie ?

La veuve importune

Samedi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 18, 1-8 )    La parabole n’est pas à l’avantage de Dieu, qui accepte une comparaison peu flatteuse avec ce juge très pragmatique rendant justice moins par idéal que pour qu’on ne lui casse plus la tête. Parce qu’il connaît notre infidélité chronique et notre peine à persévérer dans la prière, Jésus ne craint pas un exemple aussi grossier pour nous convaincre que si ce juge misérable se laisse fléchir, combien a fortiori Dieu le fera à son tour. Rien n’exclut d’ailleurs de penser que Jésus dit cette parabole avec un sourire. Dieu veut donc, c’est Jésus qui en fait la démonstration, qu’on lui casse les pieds avec nos prières ! Dont acte. Pourquoi une telle demande ?

L’une sera prise, l’autre laissée

Vendredi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 17, 26-37 ) Dieu n’a rien contre l’insouciance, au contraire. Mais, comme deux femmes en train de moudre, deux formes d’insouciance ? L’une confiante, que rien ne surprendra jamais tant elle est remise à Dieu, profondément abandonnée. C’est l’imprévoyance des oiseaux du ciel, celle du lys des champs, celle des enfants, ou des Hébreux qui reçoivent au désert la manne quotidienne sans se soucier du lendemain, recevant tout de Dieu. L’autre, inattentive, rivée à la seule consommation de l’instant, oublieuse du

La venue du règne de Dieu n’est pas observable

Jeudi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 17, 20-25 )      La venue du règne de Dieu n’est pas observable. N’en déplaise aux films catastrophes qui mettent en scène le spectacle de la fin du monde, la croissance du Royaume est sans doute d’une toute autre nature. Quand le péril fait du bruit, le Royaume, secrètement, n’est jamais loin car là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve , disait Hölderlin. Mais ce qui sauve n’est jamais très cinématographique… Une forêt qui pousse, sans doute, bien davantage que de grands arbres qui se fracassent ! La venue du Christ pour inaugurer l’avènement du Royaume se fera-t-elle de façon

Un sur dix

Mercredi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 17, 11-19 ) Pourcentage accablant : seulement un sur dix pour rendre gloire ! Au départ, ils étaient pourtant dix à supplier Jésus de les libérer de la lèpre : à l’arrivée, un seul à l’avoir rencontré vraiment. Un seul à le confesser. Un Samaritain qui plus est, celui qu’on n’attend pas. L’Esprit décidément souffle où il veut. Qu’il est beau, ce demi-tour de la gratitude en chemin ! Quelle liberté chez cet homme qui a décidé de ne pas suivre les neuf autres et a su revenir sur ses pas ! Il a pu lui en coûter : suivre est souvent plus facile que de faire route à part. On imagine le

De simples serviteurs

Mardi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 17, 7-10 ) Elle est très actuelle, cette furieuse tendance à se croire indispensable ! Et dans notre monde très affairé où, du matin au soir, nous « gérons » à tout-va, à vouloir tout   « maitriser » et ne plus rien confier à la mystérieuse providence de Dieu, nous finissons surmenés, ou en burn-out !  Lâchez prise ! Voilà ce que semble nous redire Jésus ! Et de nous ramener pour cela à

Pour un seul de ces petits que voilà

Lundi, 32° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 17, 1-6 )             Après tous les scandales mis au jour et les actes avérés de pédocriminalité dans l’Église, ces paroles de Jésus retentissent à nos oreilles avec un singulier accent. Bien sûr qu’il s’agit, dans ce passage, de nous introduire à la déroutante et incommensurable miséricorde de Dieu. Bien sûr qu’il s’agit d’éduquer notre propre capacité à pardonner, jusqu’à soixante-dix-sept fois sept fois, dit-on ailleurs. Qui le peut d’ailleurs ? Qui est en mesure, sinon par grâce, de redonner sept fois par jour son pardon ? Telle est pourtant bien la morale de l’évangile : s’agissant du pardon, quelle exigence ! Faire voler en éclat toutes les comptabilités les plus raisonnables, et légitimer la démesure.     Il n’empêche.

En trois jours je le relèverai

Samedi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Jean  ( Jn 2, 13-22 )       Détruisez ce sanctuaire et en trois jours je le relèverai  ! Quelle promesse ! Les fidèles du Temple, les apôtres mêmes, que pouvaient-ils entendre à cette parole ?  Et nous-mêmes, nous qui pourtant croyons à la résurrection, que pouvons-nous comprendre à cette phrase ? Dieu, c’est ainsi, nous demande et nous demandera toujours, au prix d’une colère à la mesure de l’attachement qu’il nous porte, de faire du vide  ! Dieu en un sens n’a pas de fouet,

Habileté des fils de ce monde

Vendredi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 16, 1-8 )          Jésus prend-il le parti des filous ? A identifier  le maître à Dieu, et des paraboles le suggèrent parfois, on est dérouté par la morale d’une histoire pas très catholique !  Ce gérant trompeur, le maître en fit l’éloge . Un comble ! De fait, il avait trouvé la bonne combine. Trafic d’écriture, faux et usages de faux, on n’est pas loin de la magouille avérée. Cet économe habile entame-t-il ici un chemin de sainteté ?

J’ai retrouvé ma brebis !

Jeudi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 15, 1-10 ) Rien de moins raisonnable, de plus provocateur, que la parabole de la brebis perdue ! Jésus fait comme si les choses allaient de soi et se montre très optimiste sur notre art d’être bons bergers. Il fait sur ses auditeurs un pari audacieux, pas gagné d’avance :

Porter sa croix

Mercredi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 14, 25-33 )   Celui qui ne porte pas sa croix pour marcher derrière moi ne peut pas être mon disciple . Combien d’hommes et de femmes ont buté sur cette parole à première vue peu engageante. La croix fait peur, et notre époque, peu encline à l’ascèse et moins encore au dolorisme, se rebiffe naturellement contre une telle invitation. On veut porter bien des choses : porter beau, se bien porter, porter un tatouage ou même porter le voile, mais porter sa croix…L’expression sonne ringard. A quoi bon se résigner encore à supporter sa propre misère quand on nous présente partout des méthodes pour vivre mieux, plus zen, ou plus cool ? La croix, ce n’est pas très fun : il s’agira donc surtout de s’en alléger, pour ne pas dire de s’en débarrasser.  S’agit-il de cela ?

Il reste encore de la place

Mardi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 14, 15-24 )   Venez, tout est prêt . D’où vient cette parole, sinon du cœur profond du Père ? La table du Royaume, depuis l’origine, il la prépare avec amour et veille sur la place de chacun. C’est qu’il veut faire de tous un invité de marque. Il nous veut convive : quel beau mot ! Convive , pour qu’avec lui, à jamais, nous vivions, ensemble. Voilà ce qu’avait bien compris cet homme fervent en qui monte une béatitude : Heureux celui qui participera au repas dans le royaume de Dieu !   Jésus a dû s’émerveiller

Quand tu donnes une réception

Lundi, 31° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 14, 12-14 ) Jésus bouscule les lois mondaines du bien recevoir. Sans doute taquine-t-il un peu son hôte, chef des pharisiens qui l’avait invité à dîner. Au risque de bafouer l’usage et de manquer aux manières ordinaires de la courtoisie, Jésus ne rendra donc pas l’invitation ! Il va même jusqu’à faire de l’entorse une règle de la vie chrétienne. Le potlatch n’est pas évangélique.  Que nos dons soient vraiment gratuits, et libres de tout calcul ! Aucun retour sur investissement à espérer ! Quoi de plus difficile en vérité, quand nous donnons, de

De tout ton cœur

Commémoration de tous les fidèles défunts Évangile de Jésus Christ selon saint Marc ( Mc 12, 28b-34 ) Il est une parole difficile à entendre de nos jours : «  Tu aimeras le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toute ta force  » car elle a des accents de commandement impérieux. Elle requiert une adhésion absolue. Le futur d’injonction érige la formule en devoir sacré, en obligation catégorique auquel nul homme n’aurait en vérité vocation, ni intérêt à se soustraire. L’homme moderne résiste.  Il n’est pourtant pas écrit 

La Toussaint : lucarne sur la vie du Ciel

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Fête de tous les saints Évangile de Jésus Christ selon saint Jean ( 6, 37-40 ) Jan van Eyck, L’agneau mystique (détail) Frères et sœurs, un jour par an, au creux de l’automne, nous fleurissons les tombes de nos cimetières. C’est la Toussaint ! Pour beaucoup, cette coutume est sacrée et il faudrait n’avoir pas de cœur pour trouver ridicule cette fidèle démarche de l’affection. Et pourtant, est-il évangélique de réduire la Toussaint, la grande fête de l’Eglise totale, à la commémoration de ce qui n’est plus ? Où sont nos êtres chers aujourd’hui disparus ? Sont-ils vraiment au cimetière ? N’est-il pas regrettable de laisser dégénérer le 1 er novembre en journée du souvenir et de la mélancolie, comme si nous n’avions plus d’espérance ? Il est légitime de porter des fleurs sur une tombe, c’est une façon d’honorer nos aïeux : mais combien est-il plus urgent encore de renouer ces liens de famille avec le Ciel . C’est un grand ressort de l’existence terrestre que de ne jamais oublier le lien

Jérusalem, Jérusalem

Jeudi, 30° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 13, 31-35 ) «  Jérusalem, Jérusalem…combien de fois j’ai voulu rassembler tes enfants comme la poule rassemble ses poussins sous ses ailes…  » A qui parle Jésus ? La confidence est assez émouvante. Elle a des allures d’aparté. Jésus est en train de répondre aux pharisiens qui brandissent la menace d’Hérode, et voilà tout à coup que le mot Jérusalem arrive sur ses lèvres. Un mot-clé, qui

La porte étroite

Mercredi, 30° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 13, 22-30 ) Le Royaume de Dieu, un club hyper sélect ? Elle en a fait couler des paroles, cette fameuse « porte étroite » ! De tous les enseignements de Jésus, sans doute l’image la plus risquée, la plus mal comprise, la plus détournée.

A quoi vais-je le comparer ?

Mardi, 30° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 13, 18-21 )      Elle est émouvante, cette question que Jésus se pose, comme à lui-même autant qu’à ses auditeurs. L’évangéliste a même cru bon de nous la rapporter : A quoi le règne de Dieu est-il comparable ? A quoi vais-je le comparer ? Suspension du propos un court instant, pour se donner, en bon pédagogue, le temps de la réflexion.  A quoi vais-je le comparer ? Car il s’agit de

Douze, auxquels il donna le nom d’apôtres

Lundi, 30° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 6, 12-19 )   On les connaît bien, les douze apôtres que Jésus appela, mais on aime réentendre égrener cette belle litanie de noms : Simon, André, Jacques, Jean, Philippe… Tous présents à l’appel ! La liste reste émouvante. Un lien de parenté vient parfois authentifier la vérité d’une existence, ramener le prestige dont l’histoire sainte les a revêtus à la simple réalité de ce qu’était leur vie ordinaire de pêcheurs de Galilée : Jude, fils de Jacques, Simon appelé le zélote, Jacques fils d’Alphée…      Arrive le nom de Judas, et cette simple

Plus coupables ?

Samedi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 13, 1-9 )   Meurt-on tragiquement à proportion de notre péché ? Si seulement ceux à qui il arrive malheur étaient plus coupables que les autres ! Le mal ne serait plus énigmatique mais légitime. Et la religion une simple pré-distribution des mérites respectifs. Des cœurs s’insurgent contre cette logique comptable et, déboussolés par l’affaire des Galiléens, vont s’en ouvrir au Christ. Et Jésus voudrait bien

Vous savez interpréter l’aspect du ciel et de la terre

Vendredi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 54-59 )     Il arrive à Jésus d’avoir envers nous des impatiences d’amour. Avec tout ce qu’il nous enseigne, inlassablement, ce qu’il nous montre et réalise devant nous, et tout ce que nous ont déjà transmis les Écritures, il nous rêve plus perspicaces. Quand il nous regarde exercer notre talent d’interprète, il voit que nous

Familles divisées

Jeudi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 49-53 ) Chercheurs de religion à l’eau de rose, pacifistes lénifiants, passez votre chemin ! Les paroles du Christ ne relèvent pas du « spirituellement correct ». Loin des discours consensuels et sirupeux qui font la recette des sectes, loin des propos bien-pensants dont la famille est parfois l’objet, ce sont des mots exigeants, où l’appel de la vérité ne sacrifie pas au mythe illusoire de l’unité familiale. Faut-il alors craindre la division que le Christ promet de mettre au sein même des familles ? La famille est

A qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup

Mercredi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 39-48 ) Des situations qui parlent d’elles-mêmes, des histoires de voleurs et de volés, de maîtres et de serviteurs qui sont toutes assez éloquentes. Jésus est juif, il aime les histoires ! Et il en raconte aux hommes, inlassablement, tant son cœur déborde. C’est aussi que Dieu prend au sérieux notre façon de

Comme des gens qui attendent

Mardi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 35-38 )   Jésus invite ses disciples à être « comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces  ». Aujourd’hui, il est vrai, il n’y a plus beaucoup de maîtres pour se faire une idée, et guère plus de noces…Encore moins de gens qui savent vraiment ce qu’est l’attente. Dans notre monde pressé, tout est conçu pour la supprimer. « N’attendez plus ! », le slogan publicitaire se décline partout. De l’attente, c’est à qui coupera la file. Le découragement existentiel n’a pas d’autre verbe. La fin des utopies a sonné le glas d’une confiance en l’avenir. Nous sommes désabusés. On veut beaucoup et vite, mais on n’attend plus rien. Plus rien, ni plus personne. La vocation chrétienne

Quand on va te redemander ta vie

Lundi, 29° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 13-21 ) Faire le plein, remplir ses greniers ! L’avidité est de tous les temps. Il est vrai que notre époque, sur fond de convoitise mais aussi d’angoisse et de perte de sens, dispose tout particulièrement à cette démesure-là. « La vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède » . On finit par l’oublier. Alors Jésus nous alerte, avec une grande sagesse. On aurait aimé entendre

Se déclarer pour lui

Samedi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 12, 8-12 ) Jésus n’est-il qu’un avocat très sélectif, tenant une comptabilité serrée de tout ce que nous disons et qui, devant les anges, ne défendra que ceux qui se sont clairement déclarés pour lui devant les hommes ? Les choses sont plus compliquées. D’un côté, Jésus ne veut pas relativiser notre responsabilité de la terre, elle aura ses effets au ciel. Il n’accorde pas trop vite l’absolution collective et se montre net sur le « reniement en face des hommes » qui entraînera le reniement en face des anges ; il prévient aussi

La moisson est abondante

Vendredi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 10, 1-9 ) La moisson est abondante mais les ouvriers peu nombreux . La formule est devenue proverbiale, elle sert souvent, et à juste titre, de verset d’évangile de référence pour les prières pour les vocations. Elle sensibilise ainsi au manque de bras, à la crise du recrutement qui, aujourd’hui, n’affecte pas que le monde de l’enseignement, celui de l’hôpital ou de la restauration, mais aussi l’Église ! Il s’agit donc, comme le demande Jésus, de prier le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Dont acte. Mais met-on assez d’espérance dans

Cette génération devra rendre compte

Jeudi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 47-54 )  Il en a coulé du sang, depuis la fondation du monde. En Jésus, qui est Dieu, remonte soudain une liste fournie de noms de prophètes, de doux et d’innocents (Abel), de prophètes ou d’envoyés de Dieu qui ont été massacrés. Ceux qu’avec le Père, lui-même avait envoyés au milieu des hommes pour ramener le monde à plus d’amour, combien ont été mis à mort ? On sent en lui l’intensité de l’émotion, à la mémoire de tant de vies dont le sang a été versé. Et il voit bien

Malheureux êtes-vous

Mercredi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 42-46 )        Voilà aujourd’hui une vigoureuse parole, une sorte de discours des béatitudes inversé, qui passe en revue tous les loupés possibles de la bonne conscience des pharisiens. Pas tant pour les maudire que les convertir à l’essentiel. Dans la péricope de ce jour, nous avons ainsi les paroles d’avertissement que Jésus leur adresse pour les aider à prendre conscience de leur légalisme, voire de leur hypocrisie. Mais, comme il faut bien

Jésus entra chez lui et prit place

Mardi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 37-41 )    Toutes les exigences de la Loi, dans ses moindres détails, ablutions comprises, n’ont jamais paru ridicules à Jésus. Israël est à jamais le peuple sacerdotal ; il avait mystérieusement fallu que pendant des générations, ces hommes portent le joug exigeant d’une Loi, très bonne en vérité à restaurer de l’humain en l’homme et de réparer sa relation à Dieu. La mission de ce peuple : expérimenter

La reine de Saba se dressera

Lundi, 28° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 29-32 ) Devant tant d’iniquité, Jésus s’irrite. Pas comme un Dieu de colère, vengeur et impitoyable, mais comme un Dieu sensible, atteint au cœur par le mystère du mal et sa capacité à défigurer l’homme, et par les complicités que nous avons souvent avec lui. Quelle génération n’est pas mauvaise, au sens où le mal n’aurait pas trouvé en elle de quoi s’infiltrer une fois encore dans l’histoire humaine ? Ne sachant plus comment toucher les cœurs, Jésus

Une voix au milieu de la foule

Samedi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 27-28 ☜) Il était en train de parler  : sans doute essayait-il à ce moment-là d’éclairer pour eux l’aventure humaine, de leur révéler un peu du dessein du Père, de leur laisser deviner la part mystérieuse que lui, Jésus, y prenait. Il leur parlait de l’importance de la Parole. Et voilà qu’un cœur de femme

Par le doigt de Dieu

Vendredi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 15-26 ☜)  Il aurait donc partie liée avec le chef des démons. Les adversaires de Jésus n’ont rien trouvé de plus odieux. Jésus consent pourtant, incroyable sollicitude, à répondre, à les ramener à la raison, comme si la logique pouvait ici être d’un grand secours. Si vous dites vrai, alors

Demandez, on vous donnera

Jeudi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 5-13  ☜ ) On veut bien le croire : Dieu n’est jamais sourd aux demandes des hommes. Pourtant, le doute nous traverse quand une prière faite à Dieu n’a pas la réponse attendue. Notre recours à la prière, fort de la formule «  demandez , on vous donnera ! » n’est pas toujours exempt de

Notre Père

Mercredi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 11, 1-4  ☜ ) On ne saura jamais le nom du disciple qui posa l’heureuse question. C’est que la question est sur les lèvres de chacun. Comment prier ? Jésus ne se dérobe pas et en quelques mots qu’il assemble et transfigure de la tradition juive, il nous donne

Une seule est nécessaire

Mardi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 10, 38-42 ☜)    Une cigale attentive, une fourmi ici généreuse, voilà une petite fable évangélique dont la morale n’est finalement pas si simple. L’une est assise, sponsale, buvant la Parole. C’est l’immobile et éternelle Marie, celle qui sait aussi verser larmes et parfum. L’autre industrieuse, toute donnée au service, est un peu accaparée.  L’une donc était l’oreille, l’autre la main. Et voilà que

Ce que tu auras dépensé en plus

Lundi, 27° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 10, 25-37 ☜) On a beau la connaître, cette parabole du Samaritain. C’est toujours avec émotion qu’on relit le détail de sa compassion en acte. L’évangile a voulu, c’est magnifique,

De grandes histoires d’amour, pas des petits arrangements

Dimanche, 27° semaine du temps ordinaire (année B) Evangile de Jésus Christ selon Saint Marc ( Mc 10, 2-16   ☜ ) Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Voilà ce qui demeure (et demeurera à jamais !) dans le cœur de Dieu. C’est exactement cette phrase de l’évangile d’aujourd’hui que, dans un mariage, le prêtre ou le diacre prononce solennellement, juste après l’échange du consentement des époux. Frères et sœurs, cette phrase, nous avons tendance à l’entendre d’abord comme une règle, un impératif moral, un commandement. Entendons-nous bien que c’est surtout un très grand désir que Dieu porte au cœur, et dont il nous fait ici comme confidence ? Car Dieu fait des vœux sur l’humanité ! De grâce…ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! Oui, c’est un vœu, un vœu un peu fou, en forme de bénédiction, qu’il fait pour nous, pour nos aventures humaines, pour nos histoires d’amour.  Un vœu pieux, diront certains. Les sceptiques le savent plus que jamais : amour ne rime plus av

Vos noms, inscrits dans les cieux

Samedi, 26° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 10, 17-24  ☜)        Ils revenaient pourtant tout contents de leur succès :   Ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux . Les apôtres s’attendaient à la bénédiction de leurs petites victoires sur le mal, mais Jésus enracine la bénédiction plus profondément, pour désensabler la vraie Joie ! Vos noms se trouvent inscrits dans les cieux ! Comment mieux dire une bienheureuse prédestination d’amour, à laquelle, par chacun de nos noms singuliers, nous sommes appelés à répondre.       Pour l’heure d’ailleurs, il ne dit pas tout. Où sont inscrits nos noms ? Il reste encore discret, presque allusif et ne parle que des cieux . Isaïe en disait davantage (49, 1-16) : «  J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom…  Une femme oublie-t-elle son petit enfant ? Même si les femme

Diversité des territoires

Vendredi, 26° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc ( Lc 10, 13-16 ☜ )      La passion égalitaire qui caractérise nos sociétés nous rend difficiles certaines paroles du Christ, qu’on préfère en doux apôtre de la Paix plutôt qu’en Dieu vrai et exigeant. On a même rêvé d’expurger certains passages violents ou affirmations déroutantes de Jésus qui viennent parfois contrarier l’image mystico-plaisante qu’on préfèrerait de lui.      Comparés à Tyr et Sidon,

Deux par deux

Jeudi, 26° semaine du temps ordinaire (année paire) Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 10, 1-12) Quand il envoie devant lui soixante-douze disciples, Jésus insiste. Toujours deux par deux. Un point de recommandation sur lequel s’arrêter. Autant le Christ insiste pour que les disciples ne s’encombrent pas d’un matériel expéditionnaire trop lourd, autant le compagnonnage fraternel est une des exigences de la mission. Il en est même constitutif. C’est bien deux par deux que les disciples auront quelque chance de préparer le chemin du Christ. S’ils peuvent apporter la paix à une maison, ce n’est pas par l’efficacité communicationnelle de leur prédication, mais parce que l’Esprit a d’abord noué entre eux un mystérieux lien. Un lien de paix, de charité, de service. Deux par deux : simple commodité fonctionnelle ? Principe de base d’une bonne gestion des ressources humaines ? Dans l’aventure humaine, mystérieusement tissée à la mission que le Christ inspire à chaque homme, combien e